Critiques
The work of Pierre Yves Clouin visited by IA (selection July 2024):
The reception of Pierre Yves Clouin's art is characterized by its delicate, patient, and private nature. His films are known for finding frames that withhold everything, thus activating the imagination. This description comes from a curated exhibition titled "moving images are still images," organized by The New Arts Foundation in Los Angeles, CA, USA. *1
Pierre Yves Clouin's art is unique in several ways, as evidenced by the descriptions and critiques of his work:
1. Metaphorical Representation: Clouin's art has been described as awakening the latent beneath the trivial, revealing the metaphor beneath the tiniest element. His work is noted for its serious humor, as it isolates and highlights everyday objects, infusing them with metaphorical significance that transcends common perception. This approach takes the viewer beyond conventional interpretations and triggers a smile in response to the poetic jest captured in video " .
2. Challenging Traditional Forms. Clouin's videos challenge traditional art forms by inflecting a tradition of artists' performances in front of the camera with a conscious homoeroticism, thus departing from traditional representations of the male body in art and challenging established norms and conventions within the art world.
3. Innovative Use of Form: Clouin's work has been likened to what a poet does with words. suggesting that he manipulates form in a manner akin to the manipulation of words by a poet. This innovative use of form sets his art apart and contributes to its uniqueness.
Overall, Pierre Yves Clouin's art is characterized by its ability to infuse everyday objects with metaphorical significance, challenge traditional art forms, and manipulate form in an innovative and thought-provoking manner.
Pierre Yves Clouin challenges traditional art forms through his videos, which distinguish themselves from the work of body art pioneers with a more radical challenge to heteronormative visualizations of the male body. His videos also inflect a tradition of artists' performances in front of the camera with a conscious homoeroticism, evoking the works of figures such as Vito Acconci and Bruce Nauman *2.
This challenge to heteronormative visualizations and the conscious homoeroticism in his work represents a departure from traditional representations of the male body in art, thereby challenging established norms and conventions within the art world.
His work explores themes of queer sexuality with brutal honesty, offering a unique perspective on identity and visual contemplation
Le travail de Pierre Yves Clouin visité par l’IA (sélection - Juillet 2024):
La réception de l'art de Pierre Yves Clouin se caractérise par son caractère délicat, patient et privé. Ses films sont connus pour trouver des cadres qui retiennent tout, activant ainsi l'imagination. Cette description provient d'une exposition intitulée "moving images are still images", organisée par la New Arts Foundation à Los Angeles, Californie, États-Unis *1.
L'art de Pierre Yves Clouin est unique à plusieurs égards, comme en témoignent les descriptions et critiques de sestravaux:
1. Représentation métaphorique : l'art de Clouin a été décrit comme éveillant ce qui se cache sous le trivial, révélant la métaphore sous le plus petit élément. Son travail est connu pour son humour sérieux, car il isole et met en valeur les objets du quotidien, leur insufflant une signification métaphorique qui transcende la perception commune. Cette approche emmène le spectateur au-delà des interprétations conventionnelles et déclenche un sourire en réponse à la plaisanterie poétique capturée dans la vidéo.
2. Des formes traditionnelles difficiles. Les vidéos de Clouin remettent en question les formes d'art traditionnelles en infléchissant une tradition de performances d'artistes devant la caméra avec un homo-érotisme conscient, s'éloignant ainsi des représentations traditionnelles du corps masculin dans l'art et remettant en question les principes établis normes et conventions du monde de l’art.
3. Utilisation innovante de la forme : Le travail de Clouin a été comparé à ce qu'un poète fait avec les mots. suggérant qu'il manipule la forme d'une manière semblable à la manipulation des mots par un poète. Cette utilisation innovante de la forme distingue son art et contribue à son caractère unique.
Dans l'ensemble, l'art de Pierre Yves Clouin se caractérise par sa capacité à insuffler aux objets du quotidien une signification métaphorique, à remettre en question les formes d'art traditionnelles et à manipuler la forme d'une manière innovante et stimulante.
Pierre Yves Clouin remet en question les formes d'art traditionnelles à travers ses vidéos, qui se distinguent du travail des pionniers de l'art corporel par un défi plus radical aux visualisations hétéronormatives du corps masculin. Ses vidéos inscrivent également une tradition de performances d'artistes devant la caméra avec un homo-érotisme conscient, évoquant les œuvres de personnalités telles que Vito Acconci et Bruce Nauman *2.
Ce défi aux visualisations hétéronormatives et à l'homo-érotisme conscient dans son travail représente une rupture avec les représentations traditionnelles du corps masculin dans l'art, remettant ainsi en question les normes et conventions établies dans le monde de l’art.
Son travail explore des thèmes de sexualité queer avec une honnêteté brutale, offrant une perspective unique sur l’identité et la contemplation visuelle.
murmurcontemporary, Montreux, 2024
"He creates films by filming, not by writing, no scenario or plan beforehand.
The distance between the filmed object and his eye and the camera is primordial. It's a question of point of view.
We know what we are looking at and we are always fully aware of what we see.
But there are short moments of bewitchment , when we can objectively identify and contemplate what we see, all the while imaging it to be something entirely different."
murmurcontemporary, Montreux
Il crée des films en filmant, pas en écrivant, aucun scénario ni plan avant.
La distance entre l'objet filmé et son oeil et la caméra est primordiale. C'est une question de point de vue.
Nous savons ce que nous regardons et nous sommes toujours pleinement conscients de ce que nous voyons.
Mais il y a de courts moments d'envoûtement, où nous pouvons identifier et contempler objectivement ce que nous voyons, tout en l'imaginant comme quelque chose de complètement différent.
murmurcontemporary, Montreux
Un anneau géant baigné de soleil qui, le temps d'une vue Lumière, hypnotise
A giant ring bathed in sunlight which, for the duration of a Light view, hypnotizes
ou le retour de la nouille prodigue- ou la métaphore en latence- ou l'œil de Pierre Yves Clouin qui réveille le latent sous le trivial, la métaphore sous l'élément le plus petit. Arte povera ou art machinique ou le parti pris de la chose. Tout cela en humour sérieux: une nouille en forme de petit nœud ou de papillon est séparée d'autres identiques regroupées sur le support blanc d'un appareil ménager, machine à laver le linge ou la vaisselle qui vibre en marche et fait sautiller les petits aliments. Il faut 1 minute et 17 secondes à l'isolée pour atteindre les autres et selon le titre, en jeu à la manière de Pierre Yves Clouin, pour ainsi "rejoindre le troupeau". Revenir à ses pairs après la tentation d'une vie plus risquée, revenir comme le fils prodigue après avoir tout dépensé ou même avant même d'avoir tenté: la nouille est intacte. La ressemblance annoncée est celle de la brebis ou de tout autre animal de groupe, à la conduite grégaire; elle engage un regard sociologique sur la crainte ou l'impossibilité de rester seul, de vivre autonome, ce qui glisse vers le terrain dépréciatif: choisir d'être plutôt nouille que penseur. Pierre Yves Clouin aurait pu dire être trop bonne pâte mais il a préféré l'aliment à la française avec la nuance moins heureuse. La nouille n'y est pas cuite, sans quoi l'adhérence, la mollesse eussent empêché le petit bruit du sautillement mais s'opère, ainsi, un autre déplacement du sens, vers "l'objeu" mot-valise fait d'objet et de jeu de Francis Ponge. Lui, Ponge retint un autre papillon, le vrai volant, il le vit comme "un minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire." Pierre Yves Clouin fait avec la forme, ce que le poète fait avec le mot mais pour les deux, l'objet/aliment retenu devient le motif inspiré, le lieu de la métaphore, au delà de regard commun- ce qui nous éloigne du troupeau. Tout objet est motif d'invention. Parce qu'elle est papillon, la nouille nous entraîne ainsi loin des formules d'argot que des films précédents de l'artiste auraient pu déclencher et elle déclenche notre sourire devant la boutade poétique en vidéo. Simone Dompeyre Traverse Vidéo 2021
Join The Herd (Rejoindre le troupeau)
Or the return of the prodigal noodle- Or the latent metaphor- Or Pierre Yves Clouin’s eye awakening the latent beneath the trivial, the metaphor beneath the tiniest element. Arte povera, or machinic art, or the bias of the thing. All this is serious humor: A single noodle, shaped like a small knot or butterfly,* is isolated from a group of other identical noodles on the white surface of a household appliance—a washing machine or dishwasher—that, as it vibrates, makes these little bits of food hop and skip along. It takes 1 minute and 17 seconds for the loner to reach the others and "join the herd," as the title says in Pierre Yves Clouin’s playful way. Returning to its peers after being tempted by a more dangerous existence, returning like the prodigal son after having squandered his all—or before having even tried—the noodle is intact. Evidently resembling a sheep or some other gregarious animal that lives in a herd, it offers a sociological perspective on the fear—or the impossibility—of remaining alone, of living independently, alternatives that tend to be pushed off to the sidelines and depreciated. To choose to be a noodle rather than a thinker. Pierre Yves Clouin might have used the French expression être de trop bonne pâte (to be made of too good a dough), which means to have an accommodating and docile character, but he opted for a food with a less happy nuance. [In French, nouille (noodle) is also used to describe a person who is compliant, stupid or lacks vitality.] This noodle is uncooked, otherwise its stickiness and softness would have prevented the small tapping sound of its hopping. Thus it effects another displacement of sense toward l’objeu, a portmanteau combining the words objet (object) and jeu (play), coined by Francis Ponge, who remarked that other butterfly, the real aviator, which he described as "a minuscule sailing ship of the air that is knocked about by the wind like a superfluous petal." Pierre Yves Clouin does with form what the poet does with words. But in both cases, the object or food chosen becomes the inspired motif, the site of the metaphor, beyond the commonplace gaze—which gets us away from the herd. Any object is ground for invention. Because it is a butterfly, the noodle thus leads us far from the slang expressions that the artist's previous films might have triggered; it triggers, instead, a smile at this poetic sally on video. Simone Dompeyre Traverse Vidéo 2021
"Entraîné par des ressemblances qu'il est toujours le premier à découvrir entre des éléments et des objets très éloignés, Pierre Yves Clouin fabrique son troupeau de nouilles posées sur le couvercle d'un appareil électro-ménager."
"Guided by resemblances—that he is always the first to discover—between very diverse elements and objects, Pierre Yves Clouin builds his herd of pasta atop a household appliance."
Marc Siegel, "My Levitating Butt
and Other Queer Abstractions," 2020
Differenz und Affirmation.
queer/feministische Positionen zur
Medialität, ed. Julia Bee and
Nicole Kandioler. Berlin: b_books,
2020. 133-155.
White letters on a black background form the enigmatic erotically tinged title: CUL EN L'AIR.1 Cut to the first and only shot of this three and a half minute video. We are positioned on the ground looking between the legs of a white man lying on his back wearing little more than sneakers and a white jockstrap. His right foot is briefly on view in the left fore-ground of the image. As it moves out of frame, the body repositions itself slightly so that a part of the man's shaven head is visible in the left background. He is apparently wearing a blue sweatshirt but, clued in by the title and the unusual and unchanging camera position, we know that it is his lower body.specifically his "cul " which will be our main object of attention.The man's hand reaches down the back of his right thigh, tentatively scratches his butt cheek. flicks the elastic strap on the jockstrap and eventually retreats out of frame.The low quality video recording captures the thick location sound of empty room noise. punctuated by occasional sounds of the body’s slight movements (fingernails scratching skin, butt-checks rubbing against the floor). The shot frames the man’s lower body in a close up such that the cup of the jockstrap is in the upper center of the frame with the backs of the right and left upper thighs exiting the frame adjacently. The elastic straps of the jockstrap come down at an angle, separate thigh from ass, and frame thereby the butt crack. Beneath the cup, the visible part of the butt crack forms a dark vertical line down to the white floor at the bottom center of the frame.
Soon, the buttocks rock back and forth, lift up slightly and slowly begin to rise. Quickly, they fall back to the ground. More rocking. The butt seems to lift off, only to fall back once again a bit later. We begin to forget that these buttocks are human body parts and that their rising and falling occurs only through concentrated physical exertion. Framed as they are, they appear as a strange fleshy organism, a moveable, oddly erotic abstract mass.2 The buttocks lift off again. This time they hover a bit longer but, soon, fall back down. Another lift off and they float higher - an old sight, this levitating butt that rises towards the top of the frame. Hovering a few seconds at the upper frame edge, the butt has become merely form, two linked white flesh colored half-circles at the top center of an empty composition. The wall in the background is a blurry yellow field that meets the white of the floor, two thirds of the way down forming a kind of horizon line. A few seconds of an empty expectant frame and then a cut to black. The copyright symbol, an abbreviation of the director’s name, ‘’PY Clouin,’’ and the year, ‘’1997, ‘’ appear in white letters against a black background.
Whimsical, frivolous, clever, MY LEVITATING BUTT is one of numerous performance videos made by French artist Pierre Yves Clouin over the past twenty years 3. In many of them, the ingenious framing of the artist’s body enables a disarming, intimate performance that transforms body parts into odd forms or uncannily familiar ones. In COWBOY (1998, France) the artist’s hand reaches back through his legs to grab his scrotum and testicles and pull them forward away from the stare of the camera, which is positioned behind his kneeling body. He then proceeds to manipulate them slowly, allowing the genitals ever occasionally to surface back between his legs as unrecognizable, fleshy pointy forms. In J’AI DES BOUCHES PARTOUT/I HAVE MOUTHS EVERYWHERE (1999, France), a low angle, close-up shot from the artist’s waist captures the right side of his bare torso, while his body quivers rhythmically as if he were masturbating. A series of abrupt zooms brings us closer to his protruding right breast and erect nipple, with the artist’s ear looming menacingly in the blurry distance. The ear lobe resembles a stiff upper lip and, accentuated by the image going in and out of focus, the back of the ear takes on the appearance of a toothy mouth. A finger emerges to massage lightly and manipulate the earlobe, thus strengthening the impression of an ambivalently erogenous zone. Much like Andy Warhol’s silent 16mm films, such as BLOW JOB or HAIRCUT (both 1963, US), in which the framing forges an erotically-charged on-screen space and teases with the imaginative possibilities of the off-screen, Clouin’s realtime performance videos compel reflections on visibility and fantasy, exhibitionism and voyeurism, duration and concept, and performance and media aesthetics. As Ger Zielinski notes, Clouin uses frame "to create ambivalence and emotional tension’’ that doesn’t always end with narrative resolution" 4
More immediately, perhaps, Clouin’s videos inflect a tradition of artists’ performances for the camera with a self conscious homoeroticism. With its narcissistic display of the artist’s male body, the video immediately calls to mind works by foundational figures in the genre such as Vito Acconci and Bruce Nauman. His reduction of video to a direct audiovisual recording of a temporally and spatially defined action recalls Acconci’s early videos such as CENTERS or CONTACTS (both 1971, US) while the tight framing of the male body finds echo in Acconci’s even earlier silent Super 8mm films such as OPENINGS or OPEN-CLOSE (Bothe 1970, US). Clouin however avoids the psychologizing content of Acconci’s video work. He also never employs language to communicate his fantasies, gesture self-reflexively towards medium specificity or extend poetically the ambivalence created through the framing of the white male body. Closer in sensibility and aesthetics to the varied work of Bruce Nauman, whose series of "Slo-Mo" 16mm films from the late 1960s depict in graphic simplicity his testicles (BLACK BALLS and BOUCING Balls, both 1969, US) or his manipulates mouth, lips and neck (PINCHNECK, 1968, US, and PULLINGMOUTH, 1969, US) Clouin’s videos nevertheless distinguish themselves from the work of both body art pioneers with a more radical challenge to heteronormative visualizations of the male body. In OPEN-CLOSE, for instance, Acconci contrast his "closed" buttcrack, with he plasters shut, with his ‘’open’’ penis, which he masturbates with tomato, and reaffirms thereby a binary structure of gender and sexuality, all the while attempting to ward off the threat of anal penetration. In BOUNCING BALLS, Nauman lyricizes through slow motion the movements of his scrotum and testicles. In contrasts to a display of anxiety over the dissipation of a gender and sexual binary or a romantic infatuation with a "defiant masculinity,"5 Clouin mischievously denies the male sexual organs their symbolic role as emblems of phallic masculinity and rethink their inflexible fleshy presence.
MY LEVITATING BUTT is a perfect example of Clouin’s strategy of taking the gravity out of representations of male body parts that are otherwise so heavily weighed down with symbolic and social meanings. It is also an exemplary work of queer cinema. But what concept of queer cinema incorporates such an absurd, minimalist video depicting solely a man’s butt as it rises from the floor and floats out of frame? We are provided with an explicit representation of neither lesbians nor gays, neither queers nor bisexuals, neither transgendered nor intersex people. We don’t even get to see the face of the man whose butt is so blatantly put on display, let alone receive sufficient information to attribute an identity position to him.6 A recent introductory book suggests that queer cinema tell stories about typical experiences in the lives of gays and lebians, and thereby ‘’represent(s) defamed desires and allow(s) audiences an affective engagement with them. 7 By researching and writing about queer cinema, we generate "an archaeology of an alternative cinematic aesthetics organized around non-normative desires."8 Although it might seem ludicrous to argue that Clouin’s video represents defamed and non-normative desires, that is exactly what I Will do. Moreover, by taking MY LEVITATING BUTT as exemplary of queer cinema and not, for instance, BROKEBACK MOUNTAIN ( And Lee, 2005, US/Canada) or CAROL (Tod Haynes, 2015, US/UK) - two important films that offer conventional narratives about the repression and/or realization of homosexual desire and/or realization of homosexual desire and the possibilities of gay and lesbian coupledom - I argue for concept of queer cinema in which the representation of non-normative or defamed desire is dependent on radical aesthetic and narrative esperimentation. 9 As a means of providing a historical and theoretical context for this concept of queer cinema. I’d like to reflect further on the powerful intervention represented by Clouin’s modest little video.
I first saw MY LEVITATING BUTT on a program of experimental video at the San Francisco Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender and Queer Film Festival in 1999. The screening context already provided an interpretation of the work and facilitated the association of Clouin’s video with other contributions to queer cinema and theory. Think, for instance, of Warhol’s 1964 16mm silent film TAYLOR MEAD’S ASS, an approximately eighty-minute static close-up of the titular body part of the underground performer as he humorously plays at pushing and pulling various objects in and out of his buttocks, including a New York Film Festival catalogue, a book by Henri Bergson (The Two Sources of Morality and Religion) and a paucity photograph of Elisabeth Taylor. Warhol’s film was made in reaction to another filmmaker’s complaint about the earlier Warhol-Mead film TARZAN AND JANE REGAINED, SORT OF… (1963, US) that features Mead as a scrawny Tarzan ambling through the jungle of the city of Los Angeles often wearing little but a leopard pattern loincloth that constantly falls off. In alerter to the editor of The Village Voice, filmmaker Peter Emanuel Goldman criticized Warhol and his enthusiastic supporter, critic and filmmaker Jonas Mekas, for films "focusing on Taylor Mead’s ass for two hours."10
Meads responded with his own letter:"Andy Warhol and I have searched the archives of the Warhol closes and find no ‘two hour film of Taylor Mead’s ass.’ We are rectiying this underweight with the unlimited resources at our command. Love and kisses."11 In response to having their earlier film reduced to something as seemingly unserious as two hour depiction of a performer’s ass, Mead and Warhol unexpectedly embraced this minimalist approach to a defamed project. Through ingenious lighting and careful framing, Warhol created a genuinely beautiful portrait film that is also an aesthetically delimited space for Mead’s luminescent white ass is centered in the frame, with the top edges cutting off at the waist and the bottom halting mid-thigh. Not surprisingly, this long stare at Mead’s buttocks begins to lend them a sense of abstraction. As Wayne Koestenbaum notes, "high contrast lighting conscripts the ass into being a figure for whiteness itself, particularly when the ass merges with the blank leader at each reel’s end. The buttocks, seen in isolation, seem explicitly double: two checks, divided in the center, by a dark line. "12
Koestenbaum links Warhol’s abstraction of Mead’s ass to the double structure of his painting, but why interests me is less the doubling of serial repetition than the doubling of ass and abstract form. Like Warhol before him, Clouin denies us the comfort of distinguishing ass from aesthetics. We witness, if you will, the production of form out of the buttocks. (When ass become form, to paraphrase the subtitle of a highly influential art exhibition.13) There is, perhaps, something riculous about belaboring the artistic significance of the male buttocks. Their formal properties have long fascinated painters and sculptors.14 In the context of male homosexuality, however, one cannot emphasize enough the social, symbolic, and psychological weight placed on the buttocks. Here we come to understand the true ingenuity of MY LEVITATING BUTT.
Through the lens of homophobia, gay me are defined by a single act, receptive anal sex, an act that - as a discriminatory and sexist logic would have it - also calls into question their masculinity. For french theorist Guy Hocquenghem, this prejudicial view forms the starting point for a gay resistance to phallocratic capitalism. Inspired by Gilles Deleuze and Félix Guattari’s Anti-Œdipus, Hocquenghem argues for the social and political value of failing to sublimate anal eroticism:
To fall one’s sublimation is merely to conceive social relations in a different way. Possibly when the anus recovers its desiring function, and plugging in of organs takes place subject to no rule or law, the group can then take its pleasure in an immediate relation, where the sacrosanct difference between public and private, between the individual and the social will be out of place.15
And eroticism - indeed, anal sex - is for Hocquenghem the path towards a new kind of social bond that, by overthrowing sublimation, resits the privatizing and individualizing impulses of phallic sexuality. Hocquengem’s book Homosexual desire, initially published in France in 1972, might be taken as the first example of queer theory.16 although this anti-œdipal ‘’sexual communism’’ has unfortunately be referenced all too infrequently in later queer studies. Hocquenghem’s emphasis on the anus as the site of social, political and psychological transformation nevertheless found its parallels in key works of the burgeoning field, Eve Kosovfsky Sedgwick, for instance, theorized a solidarity among women and gay men through a shared interest in the pleasures of anal eroticism. As a non-gendered sexual characteristic, the ass - with its constituent parts including buttocks, anus, and bowels - is obviously common to both men and women, even if the meaning attributed to it is distributed unevenly. Whereas male anal eroticism has historically been overburdened with meaning. Sedgwick argues that "there has been no important and sustained discourse in which women’s anal eroticism means. Means anything."17 Drawing attention to female anal eroticism at the height of the AIDS epidemic, when anal sex was viewed as a death sentence for gay men, Sedgwick launched a significant challenge both to the sublimation of the anus, and to its broader social and political stigmatization.
Certainly the most influential work of queer theory to address the symbolic and ideological associations between gay male anal sex and death. Leo Bersani’s 1987 essay "Is the Rectum a Grave?" Makes the provocative argument that gay men should not challenge a homophobic and sexist logic with a redemptive view of sexuality (think, perhaps, of Hocquenghem’s promiscuity as a form of sexual communism).18 What if we said, for example, not that it is wrong to think of so-called passive sex as ‘demeaning,’ but rather that the value of sexuality itself is to demean the seriousness of efforts to redeem it.’"
Bersani argues that a homophobic and sexist logic identifying reptile anal sex with passivity and effeminacy may indeed be killed off in the rectum. Acknowledging the tragic fact that this logic was liberalized in the AIDS epidemic, Bersani nevertheless argues:
If the rectum is the grave in which the masculine ideal (an ideal shared-differently- by men and women) of proud subjectivity is buried, then it should be celebrated for its very potential for death (….) it may finally be in the gay man’s rectum that he demolishes his own perhaps otherwise uncontrollable identification with a murderous judgment against him. 19
Bersani’s radical view of ‘’self-shattering’’ jouissance of nail sex casts the anus as a playing field of the therapeutic expulsion of ideals of and identications with phallic masculinity.
Although the value of sexuality - pace Bersani - is "to demean the seriousness of efforts to redeem it," gay male anal sex in the homophobic and sexist context of the AIDS epidemic of the 1980s and ’90 and in the counterdiscourse of queen studies appears to have been a particularly serious business. The ass, whether as nexus in a network of egalitarian sexual and social contacts, as potentially non-gendered access point to solidarity between the sexes, or as cemetary for ideals of self and other, carried the weight of social, psychic and political meaning. 20 Levity, simplicity, and facetiousness did not seem to have been foremost on the mind of one contemplating the male ass in heady ‘90s queer culture. That’s why MY LEVITATING BUTT flies in the face of efforts to burden the buttocks with meaning. 21 That also why I situate Clouin’s work in a long tradition of queer cinema that joyously disregards the function of the genitals in normative regimes of sexuality and counters the seriousness of attempts to circumscribe their meanings. This tradition includes Jack Smith’s FLAMING CREATURES (1962-63, US) with its limp penises and jiggling female breasts; Barbara Hammer’s DYKETACTICS 1974, US) and MULTIPLE ORGASM ( 1977, US), with their unfettered depictions of women’s vulvas and masturbation; and Angelika Levi super 8mm film SEX PARTY (1987, Germany) which figure the female backside as an ideal site for sniffing cocaine. In ZERO PATIENCE (1993, Canada), John Greyson even staged the complex theoretical arguments in Bersani’s easy as a musical number performed by two main character’s buttocks - a so - called butthole duet - in his hilarious film musical challenging homophobic origin stories of HIV.
As these diverse narrative and non-narrative examples attest, I don’t want to claim that all instances of queer cinema are as stringent in their aesthetic as MY LEVITATING BUTT and TAYLOR MEAD’ASS, nor do they all focus solely on the white male ass and it various pleasures and possibilities. 22 I do, however, want to argue for a notion of queer cinema that retains a playfully defiant embrace of unserious, an enigmatic depiction of body parts and sexual desire and an innovative approach to framing those aspects of our bodies and lives that often evade not only meaning, but representation itself. This queer cinema of abstraction is not motivated by the serious goal of providing visual and aural evidence of already existing lives and loves. It serves rather to disturb conventional representational regimes so as to awaken desires for new configurations of gender, sexuality and subjectivity.
1 The English title of the French video is MY LEVITATING BUTT. These words, however, never appear on screen. See https://pierreyvesclouin.fr/items/show/103 (October3, 2018)
2 At some point during their flight the buttocks come to resemble as well the enormous head of a penis, something quite obvious to Clouin who provide a punning single sentence description of the video: "En s’envolant, mon cul fait le gland / My levitating Butt is a bit of a prick.’" See https://pierreyvesclouin.fr/items/show/103 (October3, 2018)
3 There is surprisingly little scholarly work on Clouin’s inspiring singular body of work. For fruitful discussion, see Her Zielinski:"Short, Quiet and Disturbing: On recent Video Work by Pierre Yves Clouin," in Trade ( Spring 2001), pp19-21, available as of July 25 at Clouin’s highly useful website https://pierreyvesclouin.fr/items/show/121
4 Zielinski: ‘’ Short, Quiet and Disturbing’’ p20.
5 this is how Andrew Salgado describes Nauman’s work in his essay « Sexalized: The queer Masculine body considered in Nauman and Barney » in: James Elkins and Kristi McGuire, et al(ed): Theorizing Visual Studies: Writing Through the Discipline. New York: Rutledge 2013, pp, 246-249, p246. There is some debate about the feminist and queer potentiality of Acconci’s early performance films, which seems to hinge on whether or no interprets his display of the white male body as a deconstruction of idealized gender roles. For a useful intervention, see Jane Blocker: What the Body Cost: Desire, History and Performance. Minneapolis: University of Minnesota Press 2004, pp 8-14
6 as I mention above, we do see a part of his head and upper face brefly and could perhaps use these limited visual clues to attribute a sexual identity to the performer. This however, seems a bit of a stretch and also somewhat beside the point of the video.
7 Barbara Mennel: Queer Cinema: schoolgirls, Vampires and Gay Cowboys. London Wallflower Press 2012, p 2.
8 Mennel: Queer Cinema p 1.
9 CAROL and BROKEBACK MOUTAIN were recently among the top five on the British film Institute’s list for the best Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender films of all time, See http://www.the guardian.com/film/2016/mar/15/carol-named-best-lgbt-film-of-all-time (January 22, 2019).
10 Peter Emanuel Goldman: "Letter to the editor," in: The Village Voice, Aug. 27, 1964, p 5.
11 Taylor Mead: " Letter to the editor, " in: The Village Voice, Sept.3, 1964, p 4.
12 Wayne Koestenbaum: Andy Warhol: A Biography. New York:; Viking 200; p60.
13 « Live in your Head: When Attitudes Become Form, » is the title of Harald Szeeman’s legendary 1969 exhibition at Kunsthalle Bern.
14 See, for instance, Jonathan Allan: Reading from Behind: A Cultural Analysis of the Anus. Cambridge, MA: Zone Books 2016
15 Guy Hocquenghem: Homosexual Desire, translates from French by Daniella Danger, Durham, NC:Duke University Press 1993, p111.
16 This is Douglas Crimp’s claim in the blurb on the back of the 1993 Duke University Press edition
17 Eve Kosovsky Sedgwick: " a Poem Is Being Written, " in:id: Tendencies, Durham, NC: Duke University Press 1993, p204, italics in original Sedgwick’s writing about the anus and anal eroticism courses through her texts, particularly her writing on Henry James and Charles Dickens. For one significant reflection, see "Is the Rectum straight? Identification and Identity in Wings of the Dove."In:id: Tendencies, pp 73-74. For a useful, brief summary of her thinking on anality, see Jason Edwards: Eve Kosovsky Sedgwick. New York: Routledge 2009, pp74-76. It seems, however, that Sedgwick’s claims about the lack of meaning ascribed to women’s anal eroticism refer solely to the buttocks of white women. There is, for instance, a sustained racist discourse about the erotics of black women’s buttocks which goes back to the Hottentot Venus. See Janell Hobson: Venus in the dark: Blackness and Beauty in Popular Culture, 2nd ed, London: Rutledge 2018. For an analysis of a discourse on Latina women’s buttocks see Frances Negron-Muntaner: "Jennifer’s Butt, " in:id Borietta Pop, Puerto Ricans and Latinization of American Culture. New York: New York University Press 2004. Pp. 228-246.
18 Leo Bersani: « Is the Rectum the Grave?, » in AIDS: Cultural Analysis , Cultural Activism, (Special Issue, ed Douglas Crimp) October 43(1987),pp 197-222
19 Bersani: "Rectum, " p.222.
20 I single out Hocquenghem, Sedgwick and Bersani for their exemplary positions within debates in queer studies. A broader discussion of the role of the ass in ‘90s queer theory would certainly need to take into account such work as D.A. Miller’s analysis of Alfred Hitchcock’s so-called invisible cuts into his figures ‘backsides in "Anal Rope" in: Diana Fuss(ed):Inside/Out:Lesbian Theories, Gay Theories, New York, Routledge 1991. pp118-141; Lee Edelman’s theorization of « behinsight » in « Seeing things: Representation, the Scene of Surveillance, and the Spectacle of Gay Male Sex ,» in:id.Homographesis. New York:Routledge 1994, p.173-191; Negron-Muntaner’s writing on Jennifer Lopez bottom in "Jennifer Butt ," and Nguyen Tan Hoang’s rethinking of racial and ethnic sexual positions in A View from the Bottom: Asian American Masculinity and Sexual Representation, Durham, NC:Duke University Press 2014.
21 Although I am highlighting Clouin’s video here, there are certainly other examples from the 1990s of such a playful, almost parodic queer counter discourse on the serious subject of the male buttocks. See, for instance, Danny Fast and Joe Kelly’s hilarious, absurd video SKULLFUCK (1991, US), in which one man seemingly penetrates another’s ass his lubed, shaven head. After pulling out, he is covered in a dirty slime, which he subsequently licks from his face.
22 think, for instance, of Nguyen Tan Hoang’s fantastic ode to Asian American bottom hood in the video FOREVER BOTTOM (1999 US) or Isabel Spengler and Larry Peacock’s ingenious aesthetics of the white female ass in the short film SYNCH POINT (2007, Germany).
Marc Siegel is Professor of Film Studies at the Johannes Gutenberg University in Mainz. His research focuses on experimental film and gender/queer studies. He also works as a freelance curator and has co-curated, among other events, the festival, publication and exhibition project Edit Film Culture! (2018), as well as Camp/Anti-Camp. A Queer Guide to Everyday Life (2012). He is a member of the Academy of the Arts of the World in Cologne and co-founder of the artist collective CHEAP. As part of the Graduate Research Training Program, he is particularly interested in queer abstraction.
Des lettres blanches sur fond noir forment le titre énigmatique, teinté d'érotisme : CUL EN L'AIR.1 Cut sur le premier et unique plan de cette vidéo de trois minutes et demie. Nous sommes positionnés sur le sol regardant entre les jambes d'un homme blanc allongé sur le dos portant à peine plus que des baskets et un jockstrap blanc. Son pied droit est brièvement visible au premier plan gauche de l'image. En sortant du cadre, le corps se repositionne légèrement de sorte qu'une partie de la tête rasée de l'homme soit visible dans l'arrière-plan gauche. Il porte apparemment un sweat-shirt bleu mais, orientés par le titre et la position inhabituelle et immuable de la caméra, nous savons que c'est le bas de son corps. Plus précisément son « cul » qui sera notre principal objet d'attention. l'arrière de sa cuisse droite, se gratte timidement la fesse. fait glisser la sangle élastique sur le jockstrap et finit par se retirer hors du cadre. L'enregistrement vidéo de faible qualité capture le son épais de l'emplacement du bruit de la pièce vide. ponctué par des sons occasionnels de légers mouvements du corps (ongles grattant la peau, fesses frottant contre le sol). La prise de vue encadre le bas du corps de l'homme en gros plan de sorte que la coupe du jockstrap se trouve en haut au centre du cadre avec le dos des cuisses supérieures droite et gauche sortant du cadre de manière adjacente. Les sangles élastiques du jockstrap descendent en biais, séparent la cuisse du cul et encadrent ainsi la fente des fesses. Sous la cavité, la partie visible de la raie bout à bout forme une ligne verticale sombre jusqu'au sol blanc en bas au centre du cadre.
Bientôt, les fesses se balancent d'avant en arrière, se soulèvent légèrement et commencent lentement à monter. Rapidement, ils retombent au sol. Plus vigoureuse. Le cul semble décoller, pour retomber un peu plus tard. Nous commençons à oublier que ces fesses sont des parties du corps humain et que leur montée et leur descente ne se produisent que par un effort physique concentré. Encadrés comme ils sont, ils apparaissent comme un étrange organisme charnu, une masse abstraite mobile, étrangement érotique 2 . Les fesses se soulèvent à nouveau. Cette fois, elles planent un peu plus longtemps mais, bientôt, elles retombent. Un autre décollage et elles flottent plus haut - un spectacle étrange, ce cul en lévitation qui s'élève vers le haut du cadre. Planant quelques secondes sur le bord supérieur du cadre, le cul n'est plus qu'une forme, deux demi-cercles blancs couleur chair reliés en haut au centre d'une composition vide. Le mur à l'arrière-plan est un champ jaune flou qui rencontre le blanc du sol, les deux tiers de la descente formant une sorte de ligne d'horizon. Quelques secondes d'un cadre d'attente vide, puis une coupe au noir. Le symbole du droit d'auteur, une abréviation du nom du réalisateur, « PY Clouin », et l'année, « 1997 », apparaissent en lettres blanches sur un fond noir.
Fantaisiste, frivole, intelligent, MY LEVITATING BUTT est l'une des nombreuses vidéos performances réalisées par l'artiste français Pierre Yves Clouin au cours des vingt dernières années.3 Dans beaucoup d'entre elles, le cadrage ingénieux du corps de l'artiste permet une performance désarmante et intime qui transforme des parties du corps en formes énigmatiques ou étrangement familières. Dans COWBOY (1998, France), la main de l'artiste passe par ses jambes pour saisir son scrotum et ses testicules et les tirer vers l'avant loin du regard de la caméra, qui est positionnée derrière son corps agenouillé. Il procède ensuite à les manipuler lentement, permettant aux organes génitaux de revenir occasionnellement entre ses jambes sous la forme de formes pointues et charnues méconnaissables. Dans J’AI DES BOUCHES PARTOUT/I HAVE MOUTHS EVERYWHERE (1999, France), un plan rapproché et en contre-plongée de la taille de l’artiste capture le côté droit de son torse nu, tandis que son corps tremble en rythme comme s’il se masturbait. Une série de zooms brusques nous rapproche de son sein droit saillant et de son mamelon en érection, avec l'oreille de l'artiste qui se profile de manière menaçante dans le lointain flou. Le lobe de l'oreille ressemble à une lèvre supérieure raide et, accentué par l'image qui entre et se floute, l'arrière de l'oreille prend l'apparence d'une bouche pleine de dents. Un doigt émerge pour masser légèrement et manipuler le lobe de l'oreille, renforçant ainsi l'impression d'une zone érogène ambivalente. Tout comme les films muets 16 mm d'Andy Warhol, tels que BLOW JOB ou HAIRCUT (tous deux de 1963, États-Unis), dans lesquels le cadrage forge un espace à l'écran chargé d'érotisme et taquine avec les possibilités imaginatives du hors-écran, les vidéos de performance en temps réel de Clouin obligent à réfléchir sur la visibilité et la fantaisie, l'exhibitionnisme et le voyeurisme, la durée et le concept, la performance et l'esthétique des médias. Comme le note Ger Zielinski, Clouin utilise le cadre « pour créer une ambivalence et une tension émotionnelle "qui ne se terminent pas toujours par une résolution narrative "4
Plus immédiatement, peut-être, les vidéos de Clouin infléchissent une tradition de performances d'artistes devant la caméra avec un homoérotisme conscient. Avec sa mise en scène narcissique du corps masculin de l'artiste, la vidéo évoque immédiatement les œuvres de figures fondatrices du genre telles que Vito Acconci et Bruce Nauman. Sa réduction de la vidéo à un enregistrement audiovisuel direct d'une action temporellement et spatialement définie rappelle les premières vidéos d'Acconci telles que CENTERS ou CONTACTS (toutes deux de 1971, USA) tandis que le cadrage serré des nageoires du corps masculin fait écho dans les films muets encore plus anciens d'Acconci tels que comme OPENINGS ou OPEN-CLOSE (Bothe 1970, USA). Clouin évite cependant le contenu psychologisant du travail vidéo d'Acconci. Il n'emploie jamais non plus le langage pour communiquer ses fantasmes, gesticuler de manière auto-réflexive vers la spécificité et l'esthétique ou prolonger poétiquement l'ambivalence créée par le cadrage du corps masculin blanc. Plus proche en sensibilité et en esthétique du travail varié de Bruce Nauman, dont la série de films 16 mm « Slo-Mo » de la fin des années 1960 dépeignent avec une simplicité graphique ses testicules (BLACK BALLS et BOUCING BALLS, tous deux de 1969, USA) ou ses manipulations de la bouche, des lèvres et du cou (PINCHNECK, 1968, USA, et PULLINGMOUTH, 1969, US) Les vidéos de Clouin se distinguent néanmoins du travail des deux pionniers du body art avec un défi plus radical à visualisations hétéronormatives du corps masculin. Dans OPEN-CLOSE, par exemple, Acconci oppose son fessier "fermé", qu'il plâtre, à son pénis "ouvert", qu'il masturbe à la tomate, et réaffirme ainsi une structure binaire du genre et de la sexualité, tout en essayant de conjurer la menace de pénétration anale. Dans BOUNCING BALLS, Nauman lit au ralenti les mouvements de son scrotum et de ses testicules. À l'opposé d'un étalage d'anxiété face à la dissipation d'un binaire genré et sexuel ou d'un engouement amoureux pour une "masculinité provocante" ou prolonger poétiquement l'ambivalence créée par le cadrage du corps masculin blanc. Plus proche en sensibilité et en esthétique du travail varié de Bruce Nauman,5 Clouin nie malicieusement aux organes sexuels masculins leur rôle symbolique d'emblèmes de la masculinité phallique et repense leur inflexible présence charnue.
MY LEVITATING BUTT est un parfait exemple de la stratégie de Clouin qui consiste à éliminer la gravité des représentations des parties du corps masculin qui sont autrement si lourdement chargées de significations symboliques et sociales. C'est aussi une œuvre exemplaire du cinéma queer. Mais quel concept de cinéma queer incorpore une vidéo aussi absurde et minimaliste représentant uniquement les fesses d'un homme alors qu'elles se soulèvent du sol et flottent hors du cadre ? On nous donne une représentation explicite ni des lesbiennes ni des gays, ni queers ou bisexuels, ou transgenres ou intersexués. Nous n'avons même pas l'occasion de voir le visage de l'homme dont les fesses sont si ouvertement exposées, et encore moins de recevoir suffisamment d'informations pour lui attribuer une position identitaire 6. Un livre d'introduction récent suggère que le cinéma queer raconte des histoires sur des expériences typiques de la vie des gays et des lesbiennes, et ainsi « représente(nt) des désirs diffamés et permet au(x) public(s) de s'engager affectivement avec eux.7 En recherchant et en écrivant sur le cinéma queer, nous générons "une archéologie d'une esthétique cinématographique alternative organisée autour de désirs non normatifs" 8. exactement ce que je vais faire. De plus, en prenant MY LEVITATING BUTT comme exemplaire du cinéma queer et non, par exemple, BROKEBACK MOUNTAIN (And Lee, 2005, US/Canada) ou CAROL (Tod Haynes, 2015, US/UK) - deux films importants qui proposent des récits conventionnels sur la répression et/ou la réalisation du désir homosexuel et/ou la réalisation du désir homosexuel et les possibilités du couple gay et lesbien - je défends le concept de cinéma queer dans lequel la représentation du désir non normatif ou diffamé dépend d'une esthétique radicale et expérimentation narrative. 9 Comme moyen de s'enorgueillir d'un contexte historique et théorique pour ce concept de cinéma queer, j’aimerais réfléchir davantage à l'intervention puissante que représente la modeste petite vidéo de Clouin.
J'ai vu pour la première fois MY LEVITATING BUTT dans un programme de vidéo expérimentale au San Francisco Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender and Queer Film Festival en 1999. Le contexte de projection offrait déjà une interprétation de l'œuvre et facilitait l'association de la vidéo de Clouin avec d'autres contributions. au cinéma et à la théorie queer. Pensez, par exemple, au film muet 16 mm TAYLOR MEAD'S ASS de Warhol en 1964, un gros plan statique d'environ quatre-vingts minutes de la partie du corps titulaire de l'artiste underground alors qu'il joue avec humour à pousser et à tirer divers objets dans et hors de ses fesses, dont un catalogue du Festival du film de New York, un livre d'Henri Bergson (Les deux sources de la morale et de la religion) et une rare photographie d'Elisabeth Taylor. Le film de Warhol a été réalisé en réaction à la plainte d'un autre cinéaste concernant le film précédent de Warhol-Mead TARZAN ET JANE REGAINED, SORT OF… (1963, États-Unis) qui présente Mead comme un maigre Tarzan se promenant dans la jungle de la ville de Los Angeles portant souvent un petit pagne à motif léopard qui tombe sans cesse.Dans une lettre au rédacteur en chef de The Village Voice, le cinéaste Peter Emanuel Goldman a critiqué Warhol et son partisan enthousiaste, le critique et cinéaste Jonas Mekas, pour des films "se concentrant sur le cul de Taylor Mead pendant deux heures "10.
Meads a répondu avec sa propre lettre : " Andy Warhol et moi avons fouillé les archives des archives de Warhol et n'avons trouvé aucun « film de deux heures sur le cul de Taylor Mead ». Nous corrigeons cette insuffisance pondérale avec les ressources illimitées à notre disposition. De l'amour et des bisous"11. En réponse à la réduction de leur film précédent à quelque chose d'aussi peu sérieux qu'une représentation de deux heures du cul d'un artiste, Mead et Warhol ont adopté de manière inattendue cette approche minimaliste d'un projet diffamé. Grâce à un éclairage ingénieux et à un cadrage soigné, Warhol a créé un film de portrait véritablement magnifique qui est également un espace esthétiquement délimité pour le cul blanc luminescent de Mead qui est centré dans le cadre, avec les bords supérieurs coupés à la taille et le bas s'arrêtant à mi-cuisse. Sans surprise, ce long regard sur les fesses de Mead commence à leur donner un sentiment d'abstraction. Comme le note Wayne Koestenbaum, "l'éclairage à contraste élevé fait du cul une figure de la blancheur elle-même, en particulier lorsque le cul se confond avec le l’amorce à la fin de chaque bobine. Les fesses, vues isolément, semblent explicitement doubles : deux carreaux, séparés au centre, par une ligne sombre."12
Koestenbaum relie l'abstraction warholienne du cul de Mead à la double structure de sa peinture, mais ce qui m'intéresse, c'est moins le dédoublement de la répétition sérielle que le dédoublement du cul et de la forme abstraite. Comme Warhol avant lui, Clouin nous refuse le confort de distinguer le cul de l'esthétique. On assiste, si vous voulez, à la production de forme hors des fesses. (Quand le cul devient forme, pour paraphraser le sous-titre d'une exposition d'art très influente.13) Il y a peut-être quelque chose de ridicule à insister sur la signification artistique des fesses masculines. Leurs propriétés formelles ont longtemps fasciné peintres et sculpteurs 14. Dans le contexte de l'homosexualité masculine, on ne saurait cependant assez insister sur le poids social, symbolique et psychologique des fesses. Ici, nous arrivons à comprendre la véritable ingéniosité de MY LEVITATING BUTT.
A travers le prisme de l'homophobie, les moi gay se définissent par un acte unique, le sexe anal réceptif, un acte qui - selon une logique discriminatoire et sexiste - remet également en cause leur masculinité. Pour le théoricien français Guy Hocquenghem, cette vision préjudiciable constitue le point de départ d'une résistance gay au capitalisme phallocratique. Inspiré de l'Anti-Œdipe de Gilles Deleuze et Félix Guattari, Hocquenghem défend la valeur sociale et politique de ne pas sublimer l'érotisme anal :
Tomber dans sa sublimation, c'est simplement concevoir autrement les rapports sociaux. Peut-être que lorsque l'anus retrouve sa fonction désirante, et que le branchement d'organes n'est soumis à aucune règle ni loi, le groupe peut alors prendre plaisir à une relation immédiate, où la sacro-sainte différence entre public et privé, entre l'individuel et le social sera hors de propos.15
Et l'érotisme - en effet, le sexe anal - est pour Hocquenghem la voie vers un nouveau type de lien social qui, en renversant la sublimation, résiste aux pulsions privatisantes et individualisantes de la sexualité phallique. Le livre de Hocquengem « Désir homosexuel », initialement publié en France en 1972, pourrait être considéré comme le premier exemple de théorie queer 16. Bien que ce « communisme sexuel » anti-œdipien n’ait malheureusement été que trop rarement mentionné dans les études queer ultérieures. L'accent mis par Hocquenghem sur l'anus en tant que site de transformation sociale, politique et psychologique a néanmoins trouvé ses parallèles dans des œuvres clés du domaine en plein essor, Eve Kosovfsky Sedgwick, par exemple, a théorisé une solidarité entre les femmes et les homosexuels à travers un intérêt partagé pour les plaisirs de l’érotisme anal. En tant que caractéristique sexuelle non genrée, le cul - avec ses parties constituantes dont les fesses, l'anus et les entrailles - est évidemment commun aux hommes et aux femmes, même si la signification qui lui est attribuée est inégalement répartie. Alors que l'érotisme anal masculin a toujours été surchargé de sens. Sedgwick soutient qu'"il n'y a pas eu de discours important et soutenu dans lequel l'érotisme anal des femmes signifie. Signifie quoi que ce soiti.''17 Attirant l'attention sur l'érotisme anal féminin au plus fort de l'épidémie de sida, alors que le sexe anal était considéré comme une condamnation à mort pour les homosexuels, Sedgwick a lancé un défi important à la fois à la sublimation de l'anus et à son sens plus large. stigmatisation sociale et politique.
Certainement le travail le plus influent de la théorie queer pour aborder les associations symboliques et idéologiques entre le sexe anal masculin gay et la mort. L'essai de 1987 de Leo Bersani ‘'Le rectum est il une tombe? '' Présente l'argument provocateur selon lequel les hommes homosexuels ne devraient pas contester une logique homophobe et sexiste avec une vision rédemptrice de la sexualité (pensez, peut-être, à la promiscuité de Hocquenghem comme une forme de communisme sexuel) .18 Et si nous disions, par exemple, non pas qu'il est faux de penser que le soi-disant sexe passif est « avilissant », mais plutôt que la valeur de la sexualité elle-même est de diminuer le sérieux des efforts pour la racheter.
Bersani soutient qu'une logique homophobe et sexiste identifiant le sexe anal reptilien avec la passivité et l’efféminement peut en effet être tuée dans le rectum. Reconnaissant le fait tragique que cette logique s'est libéralisée dans l'épidémie de sida, Bersani argumente néanmoins :
Si le rectum est la tombe dans laquelle est enfoui l'idéal masculin (un idéal partagé-différemment-par les hommes et les femmes) de la subjectivité orgueilleuse, alors il devrait être célébré pour son potentiel même de mort (….)c’est peut-être enfin dans le rectum d'un homosexuel qu'il démolit sa propre incontrollable identification et le jugement meurtrier contre lui. 19
La vision radicale de Bersani de la jouissance anale fait de l'anus le terrain de jeu de l'expulsion thérapeutique des idéaux et des identifications à la masculinité phallique.
Bien que la valeur de la sexualité - rythme Bersani - soit ''d'avilir le sérieux des efforts pour la racheter'', le sexe anal masculin gay dans le contexte homophobe et sexiste de l'épidémie de sida des années 1980 et '90 et dans le contre-discours des queer studies semble avoir été une affaire particulièrement sérieuse. Le cul, qu'il soit comme lien dans un réseau de contacts sexuels et sociaux égalitaires, comme point d'accès potentiellement non genré à la solidarité entre les sexes, ou comme cimetière des idéaux de soi et de l'autre, porte le poids du sens social, psychique et politique. 20 La légèreté, la simplicité et la facétie ne semblaient pas avoir été au premier plan dans l'esprit de celui qui contemplait le cul masculin dans la culture queer énivrante des années 90. C'est pourquoi MY LEVITATING BUTT va à l'encontre des efforts visant à alourdir les fesses de sens. 21 C’est aussi pourquoi je situe l’œuvre de Clouin dans une longue tradition du cinéma queer qui néglige allègrement la fonction des génitaux dans les régimes normatifs de la sexualité et contrecarre le sérieux des tentatives de circonscrire leurs significations. Cette tradition comprend les FLAMING CREATURES de Jack Smith (1962-63, États-Unis) avec ses pénis mous et ses seins féminins agités ; DYKETACTICS 1974, États-Unis) et MULTIPLE ORGASM (1977, États-Unis) de Barbara Hammer, avec leurs représentations sans entraves de la vulve et de la masturbation des femmes ; et le film super 8 mm d'Angelika Levi SEX PARTY (1987, Allemagne) qui représente le derrière féminin comme un site idéal pour sniffer de la cocaïne. Dans ZERO PATIENCE (1993, Canada), John Greyson a même mis en scène les arguments théoriques complexes de Bersani comme un numéro musical interprété par les fesses de deux personnages principaux - un soi-disant duo de trous du cul - dans son hilarant film musical défiant les histoires d'origine homophobe du VIH.
Comme l'attestent ces divers exemples narratifs et non narratifs, je ne veux pas prétendre que tous les exemples de cinéma queer sont aussi stricts dans leur esthétique que MY LEVITATING BUTT et TAYLOR MEAD'ASS, ni ne se concentrent tous uniquement sur le cul du mâle blanc, ses divers plaisirs et possibilités. 22 Je veux cependant plaider pour une notion de cinéma queer qui conserve une étreinte ludique et provocante de non sérieux, une représentation énigmatique des parties du corps et du désir sexuel et une approche innovante pour encadrer ces aspects de nos corps et de nos vies qui échappent souvent non seulement au sens, mais à la représentation elle-même. Ce cinéma queer de l'abstraction n'est pas motivé par l'objectif sérieux de fournir des preuves visuelles et auditives de vies et d'amours déjà existantes. Il sert plutôt à perturber les régimes de représentation conventionnels afin d'éveiller des désirs de nouvelles configurations de genre, de sexualité et de subjectivité.
1 Le titre anglais de la vidéo française est MY LEVITATING BUTT. Ces mots, cependant, n'apparaissent jamais à l'écran. Voir https://pierreyvesclouin.fr/items/show/103 (3 octobre 2018)
2 À un moment donné pendant leur vol, les fesses ressemblent également à l'énorme tête d'un pénis, ce qui est assez évident pour Clouin qui fournit une description de la vidéo en une seule phrase : '' En s'envolant, mon cul fait le gland / Mon Fesses en lévitation est un peu connard.'' Voir https://pierreyvesclouin.fr/items/show/103 (3 octobre 2018)
3 Il existe étonnamment peu de travaux universitaires sur l'œuvre singulière et inspirante de Clouin. Pour une discussion fructueuse, voir Ger Zielinski:'' Short, Quiet and Disturbing: On recent Video Work by Pierre Yves Clouin,'' in Trade (printemps 2001), pp19-21, disponible dès le 25 juillet sur le site très utile de Clouin https: //pierreyvesclouin.fr/items/show/121
4 Zielinski : ‘’Court, silencieux et dérangeant’’ p20.
5 c'est ainsi qu'Andrew Salgado décrit le travail de Nauman dans son essai « Sexalized : The queer Masculine body consider in Nauman and Barney » in : James Elkins and Kristi McGuire, et al(ed) : Theorizing Visual Studies : Writing Through the Discipline. New York : Rutledge 2013, pp, 246-249, p246. Il y a un débat sur la potentialité féministe et queer des premiers films de performance d'Acconci, qui semble dépendre de l'interprétation ou non de son affichage du corps masculin blanc comme une déconstruction des rôles de genre idéalisés. Pour une intervention utile, voir Jane Blocker : What the Body Cost : Desire, History and Performance. Minneapolis: University of Minnesota Press 2004, pp 8-14
6 comme je l'ai mentionné plus haut, nous voyons brièvement une partie de sa tête et du haut de son visage et pourrions peut-être utiliser ces indices visuels limités pour attribuer une identité sexuelle à l'interprète. Cependant, cela semble un peu exagéré et aussi un peu à côté du point de la vidéo.
7 Barbara Mennel : Queer Cinema : écolières, Vampires et Gay Cowboys. London Wallflower Press 2012, page 2.
8 Mennel : Cinéma Queer p 1.
9 CAROL et BROKEBACK MOUTAIN ont récemment figuré parmi les cinq premiers sur la liste du British Film Institute des meilleurs films lesbiens, gays, bisexuels et transgenres de tous les temps, voir http://www.the guardian.com/film/2016/mar/ 15/carol-named-best-lgbt-film-of-all-time (22 janvier 2019).
10 Peter Emanuel Goldman : "Lettre à l'éditeur", dans : The Village Voice, 27 août 1964, p 5.
11 Taylor Mead : « Lettre à l'éditeur, » dans : The Village Voice, 3 septembre 1964, p 4.
12 Wayne Koestenbaum : Andy Warhol : Une biographie. New York:; Viking 200; p60.
13 « Live in your Head : When Attitudes Become Form », est le titre de la légendaire exposition de Harald Szeeman en 1969 à la Kunsthalle Bern.
14 Voir, par exemple, Jonathan Allan : Reading from Behind : A Cultural Analysis of the Anus. Cambridge, MA : Livres de zone 2016
15 Guy Hocquenghem : Homosexual Desire, traduit du français par Daniella Danger, Durham, NC : Duke University Press 1993, p111.
16 C'est l'affirmation de Douglas Crimp dans le texte de présentation au dos de l'édition 1993 de Duke University Press
17 Eve Kosovsky Sedgwick: "a Poem Is Being Written, " in:id: Tendencies, Durham, NC: Duke University Press 1993, p204, italique dans l'écriture originale de Sedgwick sur les cours d'érotisme anal et anal à travers ses textes, en particulier ses écrits sur Henry James et Charles Dickens. Pour une réflexion significative, voir "Le rectum est-il hétéro? Identification et identité dans Wings of the Dove. » Dans : id : Tendances, pp 73-74. Pour un bref résumé utile de sa réflexion sur l'analité, voir Jason Edwards : Eve Kosovsky Sedgwick. New York : Routledge 2009, pp74-76. Il semble cependant que les affirmations de Sedgwick sur le manque de sens attribué à l'érotisme anal des femmes se réfèrent uniquement aux fesses des femmes blanches. Il y a, par exemple, un discours raciste soutenu sur l'érotisme des fesses des femmes noires qui remonte à la Vénus hottentote. Voir Janell Hobson : Venus in the dark : Blackness and Beauty in Popular Culture, 2e éd., Londres : Rutledge 2018. Pour une analyse d'un discours sur les fesses des femmes latines, voir Frances Negron-Muntaner : "Jennifer's Butt, " dans : id Borietta Pop , Portoricains et latinisation de la culture américaine. New York: New York University Press 2004. Pp. 228-246.
18 Leo Bersani : "Is the Rectum the Grave ? ", dans AIDS : Cultural Analysis, Cultural Activism, (Special Issue, ed Douglas Crimp) 43 octobre (1987), pp 197-222
19 Bersani : »Rectum, » p.222.
20 Je distingue Hocquenghem, Sedgwick et Bersani pour leurs positions exemplaires dans les débats des queer studies. Une discussion plus large sur le rôle de l'anus dans la théorie queer des années 90 devrait certainement prendre en compte des travaux tels que D.A. L'analyse par Miller des soi-disant coupures invisibles d'Alfred Hitchcock dans les « fesses de ses personnages » dans « Anal Rope » dans : Diana Fuss(ed) : Inside/Out : Lesbian Theories, Gay Theories, New York, Routledge 1991. pp118-141 ; La théorisation de Lee Edelman de "behinsight" dans "Seeing things: Representation, the Scene of Surveillance, and the Spectacle of Gay Male Sex", dans : id.Homographesis. New York : Routledge 1994, p.173-191 ; L'écriture de Negron-Muntaner sur les fesses de Jennifer Lopez dans « Jennifer Butt » et la refonte de Nguyen Tan Hoang des positions sexuelles raciales et ethniques dans A View from the Bottom: Asian American Masculinity and Sexual Representation, Durham, NC: Duke University Press 2014.
21 Bien que je souligne ici la vidéo de Clouin, il existe certainement d’autres exemples des années 1990 d’un tel contre-discours queer ludique, presque parodique, sur le sujet séreux des fesses masculines. Voir, par exemple, la vidéo hilarante et absurde de Danny Fast et Joe Kelly SKULLFUCK (1991, États-Unis), dans laquelle un homme semble pénétrer le cul d'un autre avec sa tête rasée et lubrifiée. Après s'être retiré, il est recouvert d'une boue sale, qu'il lèche ensuite sur son visage.
22 pensez, par exemple, à la fantastique ode de Nguyen Tan Hoang au bottom hood américain d'origine asiatique dans la vidéo FOREVER BOTTOM (1999 US) ou à l'esthétique ingénieuse du cul de la femme blanche d'Isabel Spengler et Larry Peacock dans le court métrage SYNCH POINT (2007, Allemagne) .
Marc Siegel, "My Levitating Butt
and Other Queer Abstractions," 2020 Johannes Gutenberg-Universität Mainz, Institut für Film-, Theater-, Medien- und Kulturwissenschaft
Marc Siegel est professeur d'études cinématographiques à l'Université Johannes Gutenberg de Mayence. Ses recherches portent sur le cinéma expérimental et les études de genre/queer. Il travaille également en tant que commissaire indépendant et a co-organisé, entre autres événements, le projet de festival, de publication et d'exposition Edit Film Culture! (2018), ainsi que Camp/Anti-Camp. Un guide queer de la vie quotidienne (2012). Il est membre de l'Académie des Arts du Monde de Cologne et co-fondateur du collectif d'artistes CHEAP. Dans le cadre du Graduate Research Training Program, il s'intéresse particulièrement à l'abstraction queer.
Simone Dompeyre, Rencontres Traverse Vidéo, Toulouse, 2018
Shooting Star : étoile filante ou étoile que l’on a filmée, la double traduction amorce le propos de Pierre Yves Clouin qui n’a jamais abandonné cette possibilité de double lecture. Qu’il filme en ses débuts, son corps en « contenu explicite » comme les catalogues qualifient ses œuvres, alors la vidéo s’intitule Cowboy en accord avec le plan de bas du corps, jambes écartées, en position de duel, mais la main attouche le sexe. Le corps, nu encore, devient (C'est )le veau qui bêle grâce au cadrage détournant le visage et se jouant des mouvements des membres, de même Workman transforme ce corps humain en être différent… Depuis ce sont les objets, les lieux, les éléments qui sont ainsi détournés pour seul exemple : Rodin des bois entraîne au versant de l’étrange, des troncs devenant chimères. En un nouvel esprit des choses, Clouin sait créer des beautés cachées, dans l’immédiateté de leur rencontre au gré de ses déplacements. Il accepte l’invitation. Du quotidien, il trouve la tension, le moment où l’on se plaît à voir autre chose que ce qui est ; alors il déclenche l’appareil qu’il porte ; léger, il le tient près de son regard curieux cela peut être le téléphone désormais et précisément pour Shooting Star . Curieux, c’est prendre soin/cura en latin. Le film interstitiel s’évade de la reconnaissance quotidienne : ainsi un reflet du portable – allumé incidemment, explique PY Clouin, sur la fonction « lampe de poche » – devient l’étoile filante porteuse de vœu et ici porteuse du film. Les plans se saccadent, se succèdent selon l’itinéraire, les bruits urbains sont plus ou moins précis, la lumière varie ainsi que la couleur allant jusqu’au vert si éloigné de notre imagerie de la ville. En effet de travelling, le halo passe de vitrine à vitre de voiture, à fenêtres et baies d’appartement, de bureaux, de magasins… il glisse sur des grilles variées, des claustras, passe au plein ciel. La petite lumière s’accélère jusqu’au filage, le quotidien « s’expanse », l’autre est à portée de l’œil qui sait voir, il se prête à l’invention de filmer." Simone Dompeyre Avril 2018 Rencontres Traverse Vidéo, Toulouse, France
"Shooting Star : a shooting star or a star shot on film, the double translation of this video’s title is an appropriate introduction to Pierre Yves Clouin whose work has never abandoned the possibility of dual readings. In his early videos he filmed his body—‘’explicit content’’ as catalogues classified his works. Cowboy, as might be expected shows his lower body, legs spread, in position for a duel; but then his hand lightly touches his genitals. His body, again nude, becomes The Bleating Calf thanks to the framing of his diverted face; similarly, playing on the movement of his limbs, Workman transforms his human body into a different sort of being… Since these early works, Clouin has continued to subvert our reading of objects, places, and other elements. One example: Rodin Wood draws the viewer into a strange universe where tree trunks become chimera. With a fresh mindfulness of things, Clouin knows how to create hidden beauties in the immediacy of his daily encounters, and he accepts these invitations. He finds tension in the quotidian, the moment when one enjoys seeing something for other than what it is. This is when he turns on the camera he’s carrying; it’s light so he can hold it near his curious gaze. It might even be a cellphone, as in the case of Shooting Star . Curious means to take care, to be careful (cura in Latin). The interstitial film escapes ordinary detection. Thus a reflection of his cellphone—with the ‘’flashlight’’ function turned on, as Clouin explains—becomes a shooting star that brings luck and, here, carries the film. The shots jerk from one to the next, following on each other, dependent on his itinerary; the urban noises are more or less distinct, and the light varies, with the color occasionally veering to a green that is far from our image of the city. There’s the effect of the traveling shot, with the halo passing from shop window to the window of a rail car, bay windows of apartments, glass store fronts, and office windows… sliding across a variety of gates, grids, open brick- and iron-work, and shifts to the open sky. The little light accelerates until it’s spinning, the quotidian ‘’expands,’’ the other is within sight of anyone who knows how to see, it lends itself to the invention of filming.
Simone Dompeyre Avril 2018 Rencontres Traverse Vidéo, Toulouse, France
Le Western sera moins terne quand les cowgirls dégaineront par Marc Mercier, 2018
"...La solitude du cowboy est aussi exprimée par l’artiste français Pierre Yves Clouin. Enfin… on apprend qu’il s’agit d’un cowboy car le titre nous l’indique: Cowboy (3’17 - 1998). Notre héros n’a ni jean ni cheval, ni chapeau ni chaussures à éperon ni colt. Il est nu, à genoux, face à une fenêtre. En gros plan (le Western adore le gros plan): ses fesses, ses jambes, et donc (si vous vous y connaissez en anatomie masculine) ses testicules pendants. Habituellement, c’est ce que l’on remarque quand on l’œil sous l’arrière d’un cheval. Le héros touche du doigt son matériel, le soupèse, et soulève le tout vers l’avant. On ne voit plus grand chose de ses attributs et de l’action. Peut-être vise-t-il l’horizon, c’est un cowboy tout de même. C’est la fin. Faut tout imaginer. Plaisir solitaire du cowboy et du spectateur…"
Le Western sera moins terne quand les cowgirls dégaineront by Marc Mercier in 24 images Number 186, March 2018, p. 58-59 Western – Histoires parallèles
Montréal, Québec, Canada
"CORPOREAL CREATIONS IN EXPERIMENTAL SCREENDANCE: RESISTING SOCIOPOLITICAL CONSTRUCTIONS OF THE BODY" BY SOPHIE WALON IN THE OXFORD HANDBOOK OF SCREENDANCE STUDIES, NYC, 2016
This chapter examines experimental screendances that disrupt the traditional notion of the body by constructing bizarre corporealities. The chapter analyzes films that display choreo-cinematic experimentations on body representation, such as those of Thierry De Mey, Laurent Goldring, Antonin De Bemels, Wim Vandekeybus, and Pierre Yves Clouin. These films present unconventional bodies that appear in turns animalistic, oversexualized (or differently sexualized), pathological, monstrous, and unidentifiable, undergoing all sorts of transformations and metamorphoses, thus resisting sociocultural, economic, and political processes of standardization of the body. The chapter argues that these screendance bodies are linked to the philosophical and political conceptualizations of the body by Maurice Merleau-Ponty (“openness to the world,” “corporeality”), Michel Foucault (“biopowers,”), and Gilles Deleuze (“body without organs,” “becomings,” “de-hierarchization of the body”). The chapter develops a reflection on screendance bodies, emphasizing that certain screendances also suggest philosophical and political issues that are embedded in their subversive representations of the body.
extraits:… J’analyserai des films de danse contemporaine européens (particulierement français et belges) qui expérimentent les représentations du corps - les films des réalisateurs Thierry De Mey, Laurent Goldring et Antonin de Belmels qui travaillent en colaboration avec des chorégraphes, les films du chorégraphe et réalisateur Wim Vandekeybus et ceux du performeur réalisateur Pierre Yves Clouin. Les travaux de ces artistes dévoilent des corps non conventionnels qui apparaissent comme animaux, ouvertement sexualisés, pathologiques, monstrueux ou inidentifiables et subissent toutes sortes de transformations et de métamorphoses…
… ainsi le contenu de ces films est plus ou moins chorégraphique… Les travaux de Clouin sont plus exactement des vidéos de performances que des films de danse à proprement parler……
Les corps de ces films de danse … peuvent être décodifiés et défamiliarisés (voir les préocupations de Goldring et Clouin quant à la déconstruction des formes et fonctions attendues du corps)...
… de manière similaire l’autoportrait de Clouin lui même dans “C'est le veau qui bêle ”. Par l’imitation du bêlement et le plan en contre plongée qui ne montre que le menton et sa langue, qui apparait régulièrement quand il bêle, la vidéo présente la surprenante image d’une créature hybride à moitié être humain et veau. La confusion est réhaussée par la qualité incertaine de l’image ainsi que par la basse résolution de la vidéo. Et dans Cowboy Clouin apparaît à moitié homme et à moitié vache, filmé de derrière à quatre pattes, l’artiste manipule ses testicules et fait bouger stratégiquement ses doigts pour qu’ils ressemblent à des mamelles…
… Les vidéos expérimentales de Clouin exhibent souvent son corps nu avec une insistance sur ses fesses et ses parties génitales, dans des positions très suggestives et provocatrices. Kangaroo , qui montre une main qui sort de ce qui ressemble être une paire de fesses, semble sous entendre (dans sa version inversée) la pratique sexuelle du fisting. Dans Mon Lapin Bleu, l’artiste simule de façon comique des relations sexuelles avec un lapin bleu en peluche, dans de multiple positions acrobatiques. Dans The Little Big il semble que nous sont montrées des fesses avant qu’il ne devienne clair que ce sont les épaules et omoplates de l’artiste. Pourtant juste au moment où tout contenu sexuel et toute obscenité semblent être alors exclus par cette prise de conscience, Clouin révèle une scène encore plus audacieuse, après nous avoir dévoilé ses épaules et alors qu’il se penche, nous découvrons qu’il est sur un lit, et ses mouvements suggèrent de toute évidence qu’il se masturbe…
… Dans le Kangaroo de Clouin une main émerge de ce qui ressemble à la raie de ses fesses. L’effet est au delà du bizarre, c’est monstrueux: son cul semble donner naissance ou défequer une main. La vidéo de Clouin dérange horriblement les fonctions et emplacements usuels des organes…
… Jouant sur la difficulté à distinguer les différentes parties du corps, certaines vidéos de Clouin éloignent notre perception du corps en déjouant nos attentes et en court-circuitant nos certitudes. Front Room commence sur Clouin qui lèche une ronde et voluptueuse partie du corps, qui, parce qu’on est très près et du fait de l’avidité manifeste de l’artiste, semble être un sein avant que la caméra ne zoome en révelant le bras de Clouin. Dans Workman, nous ne sommes pas sûrs de ce que nous voyons, le haut du dos de Clouin, des bras et une tête, ou un cul, le bas du dos et des cuisses. La vidéo joue sur cette incertitude: avant que nous ne voyons ses parties génitales et ses genoux (c’est à dire, avant que nous ne sachions qu’il s’agit du cul de l’artiste à l’écran), l’angle de prise de vue nous laisse penser que nous voyons des épaules et sa tête courbée et cachée. A la fin de la vidéo, quand Clouin utilise une serviette, il semble qu’il s’essuie le cou et les cheveux, ce qui à nouveau jette un doute sur la certitude d’avoir vu son cul. Le flou récurrent de l’image et la position persistante de l’artiste, qui bouge à peine, sont aussi déroutantes, ce qui laisse du temps au public pour projeter ses propres visions et attentes sur ce qu’il voit: “Dans Workman nous savons parfaitement que ce sont mes jambes que l’on voit, mais elles agissent comme si elles étaient des bras. aussi par leurs actions, leurs mouvements, elles sont identifiées comme des bras, mais les spectateurs les reconnaissent vraiment comme des jambes. Ce qui est intéressant ici c’est que nous restons très incertains de ce que nous voyons même si toutefois nous en sommes sûrs” (interview non publiée de l'auteur, Mars 2013). De plus, comme la position de Clouin apparaît très peu naturelle pour un être humain et comme il reste dans cette position un long moment, la traditionnelle représentation de la figure humaine comme bipède avec une morphologie clairement organisée vers le haut, en est troublée…
… Les films de Clouin et Goldring, en particulier, déterritorialisent les organes sexuels et les membres. Par exemple, dans “J'ai des bouches partout”(1999) qu’il traduit par “I've Got Mouths All Over”, Clouin fait que son oreille ressemble à une bouche et suggère qu’elle devienne un organe sexuel, capable d’une fellation. C’est une sorte de déteterritorialisation fantastique de ses organes suivant une logique libidinale de réinvention de sa corporalité comme plus sexuée. Il semble trahir un souhait d’avoir plus d’organes sexuels à explorer et un appel à ce que le corps entier mute en une surface érogène étendue.
Sophie Walon Corporeal Creations in Experimental Screendance: Resisting Sociopolitical Constructions of the Body " by Sophie Walon in The Oxford Handbook of Screendance Studies Edidited by Douglas Rosenberg, Oxford University Press, 2016
Rodin des bois (Rodin Wood) selected in SENTIERS / LA TERRE VUE DE LA LUNE, les écrans parallèles hors compétition of the FID, Marseille, 2013
"Troncs arrachés, souches brisées, branches pendantes… tous ces fantômes de bois habitent la forêt. Les formes monstrueuses et hybrides que la nature crée de son propre effondrement deviennent ici, dans le cadre que pose furtivement Pierre-Yves Clouin, le visage d’une chimère, le profil d’une loutre, un œil de serpent. "
"Sheared off trunks, smashed roots, dangling branches... all these phantoms of wood dwell in the forest. Monstrous, hybrid shapes that nature creates through her own collapsing, framed here in Pierre Yves Clouin's furtive gaze, are transformed into the face of a chimera, the profile of an otter, or the eye of a serpent". FIDMarseille - Festival international de cinéma - 2013
"DANCEFILM: CHOREOGRAPHY AND THE MOVING IMAGE,” by Erin Brannigan, Oxford University Press, NYC, 2011
"The French filmmaker Pierre Yves Clouin takes this potential of the close-up to an extreme, maximizing the tendency toward obscurity to create his intimate signature aesthetic. Clouin's films are autoportraits of his body shot in close range and at strange angles, creating uncanny images to the sound of his physical exertions. In Kangaroo (1998), fingers and then a hand emerge through what looks like buttock cheeks but could be knees. In The Little Big(1999), a barely lit anthropomorphic shape moving slightly back and forth is discerned, again resembling buttocks, but a burst of light reveals it is a shot of his back, down his body from behind his head, his bare buttocks creating another similar shape below. In Workman (1998), a shot of Clouin's back and thighs with his bottom raised high in the air focuses on the action of the muscles in his back and hip, the gluteus muscle pumping in and out as his knee bends and straightens. The crease in his hip begins to look like that between forearm and upper arm or any other corporeal joint. The resulting movements have an uncanny quality that departs from corporeal specificity, expressing the materiality of the human condition humorously through unlikely and undisclosed bodily sites."
« Le réalisateur français Pierre Yves Clouin, en tendant au maximum vers l'obscurité pour créer son intime signature esthétique, pousse à l’extrême ce potentiel du plan rapproché. Les vidéos de Clouin sont des autoportraits de son propre corps filmé à bout portant et sous d’étranges angles qui créent des images déroutantes, avec pour fond sonore le bruit de son travail physique. Dans Kangaroo (1998), des doigts puis une main sortent de ce qui ressemble à des fesses mais pourraient aussi bien être des genoux. Dans The Little Big (1999), on discerne une forme anthropomorphe à peine éclairée qui se balance doucement et qui ressemble de nouveau à des fesses ; mais un éclat de lumière révèle que c'est son dos, vu d’en haut juste derrière sa tête, alors que ses fesses nues forment la même figure en-dessous. Dans Workman (1998), un plan de son dos et de ses cuisses, avec ses fesses tout en haut, se focalise sur l'action des muscles de son dos et de sa hanche. Le grand fessier se contracte et s’étire, alors que son genou se plie et se déplie. L’articulation de sa hanche commence alors à ressembler à celle de l’intérieur du coude ou à n'importe quelle autre articulation du corps. Les mouvements qui en résultent ont une qualité mystérieuse qui s'écarte de leur origine corporelle. Par l’exploration de champs non divulgués et improbables du corps, ils expriment avec humour la matérialité de la condition humaine. »
Erin Brannigan works in dance and film as a journalist, academic and curator. She was the founding Director of ReelDance International Dance on Screen Festival and has curated dance screen programs and exhibitions for Sydney Festival 2008, Melbourne International Arts Festival 2003 and international dance screen festivals. Erin writes on dance for the Australian arts newspaper, RealTime and lectures in the School of English, Media and Performing Arts at the University of New South Wales. Dancefilm: Choreography and the Moving Image is available from Oxford Univesity Press and at Amazon.com.
Stefan St-Laurent, "Extra Ordinary Men - Videos by Pierre Yves Clouin," Art Star 4 Video Art Biennial, Galerie Saw Gallery, Ottawa, 2010
Pierre Yves Clouin est un vidéaste excentrique et curieux, et probablement le premier vidéaste avec lequel j’ai travaillé, autour de 1995. Je l’ai rencontré pour la première fois en personne à Paris, sa ville, il y a une dizaine d’années, alors que j’effectuais des recherches à titre de commissaire; il m’a montré un aspect de la ville que peu de jeunes commissaires ont la chance de voir et d’expérimenter. J’y ai été confronté à plein de nouvelles idées et je me suis posé des questions sur mon compte. Son travail m’a éclairé comme je n’avais jamais imaginé que des videos lo-fi, à petit budget, pouvaient le faire. Clouin vivait en périphérie de Paris dans une cité conçue par Le Corbusier et habitée par des artistes. Nous nous y sommes rendus à pied; c’était assez loin, à partir du Marais jusqu’à la Seine du côté de la bibliothèque Mitterrand, et nous nous sommes arrêtés dans une zone de drague gaie tellement extravagante que Paris a commencé à me sembler irréelle, comme dans un film. Si vous demandiez à des cinéastes hétéros d’essayer d’imaginer à quoi ressemblerait une scène de drague gaie, probablement qu’ils en arriveraient exactement à ce que j’ai vu. Cette réalité était exagérée: j’ai compris sur le champ que je me trouvais, en fait dans cet espace extrêmement chargé et sexualisé qui, depuis toujours, fascine Clouin. Nous avons traversé un passage souterrain qui est vite devenu très sombre, même si nous étions au beau milieu du jour. On pouvait voir des figures en mouvement, des silhouettes qui se profilaient devant la petite entrée à l’autre bout d’où émanait un peu de lumière. Je lui ai dit que j’avais peur, et il a ri. En connaissance de cause, il m’a dit: « Attends de voir l’autre côté.» Là, des hommes, soi-disant vêtus comme des ouvriers de la construction, étaient assis à califourchon sur des machines gigantesques, les scrotums sortant de leurs jeans par des échancrures comme de la cire fondue, et ils s’adonnaient frénétiquement à des activités sexuelles orales et anales. Dans plusieurs de ses dernières œuvres, Clouin explore cet espace précaire où cohabitent public et privé. Je me suis confronté à une pruderie à l’intérieur de moi même dont j’ignorais l’existence. Pendant des années, j’avais pensé m’être affranchi tout simplement en proclamant «je suis gai »; je ne savais pas alors à quel point la vision que j’avais de ma propre sexualité était expurgée et passait par un filtre hétérosexuel et culturel. L’actrice rebelle Marlène Dietrich affirmait : «Le sexe. En Amérique, une obsession. Dans d’autres parties du monde, un fait.» On ne peut s’empêcher de penser qu’elle évoquait Paris, où elle a passé les dernières années de sa vie. Empreinte de sexualité et d’humour, l’œuvre de Clouin nous montre une facette de la vie gaie qui, sans être nécessairement flatteuse est touchante et qui, tout en étant crue, est spectaculairement sublime. Examiner la teneur philosophique des travaux de Clouin sans renvoyer à Michel Foucault équivaudrait à occulter le cœur même de sa pratique. Le corpus de ses vidéos est constitué de moments vécus ou documents intimes d’un être en relation avec d’autres, captés par le petit œil de sa caméra portable. En 1982, Foucault aurait pu parler du travail de Clouin lorsqu’il déclarait en entrevue: « La sexualité fait partie de nos comportements. elle fait partie de notre liberté mondiale. La sexualité est quelque chose que nous inventons nous-mêmes. Elle est notre propre création, et elle est beaucoup plus que la découverte d’une face cachée de notre désir. Nous devons comprendre que nos désirs s’accompagnent de nouvelles formes de relation, de nouvelles formes d’amour, de nouvelles formes de création. Le sexe n’est pas une fatalité; c’est un potentiel de vie créative. Il ne suffit pas d’affirmer que nous sommes gais; nous devons également créer une existence gaie1.» Ethnographie homosexuelle destinée à la consommation populaire, l’œuvre vidéo de Clouin révèle la matière extraordinaire dont est faite la culture gaie contemporaine. Le jeu qui consiste à montrer et à cacher est très significatif, et il me rappelle le paradoxe de la vie gaie: vouloir la visibilité et la liberté, tout en cherchant l’invisibilité par peur de la violence et de l’humiliation. Bien que le voyeur, en général, n’entre pas en contact ou n‘échange pas directement avec le sujet de son observation, plusieurs critiques et programmeurs réfèrent souvent au côté voyeur du travail de Clouin. J’établirais plutôt des parallèles avec la photographie secrète, apparue à la fin du XIXe siècle avec l’avènement de l’appareil photo d’espion et depuis popularisée grâce à la miniaturisation des dispositifs d’enregistrement d’images. Et bien que la France ait maintenant adopté des lois très strictes interdisant la publication de toute photographie sans le consentement exprès du sujet, Clouin accepte l’illégalité de ce qu’il produit et accomplit dans la sphère publique. Bien sûr, sa démarche n’est pas nouvelle et elle nous rappelle la technique de Paul Strand : « Strand partait pour le district Five Points, le cœur des taudis d’immigrants dans le Lower East Side, avec son appareil photo équipé d’un faux objectif pour détourner l’attention. Strand s’approchait d’un sujet potentiel, faisait un tour de 90 degrés sur lui-même et pointait le faux objectif dans cette direction. Le vrai objectif, situé au bout d’un soufflet, émergeait de son aisselle et visait le sujet désiré2.» Clouin nous fait voir son monde sous un jour remarquable de réalité et de proximité, comblant ainsi la séparation entre écran et spectateur. Nous regardons en quelque sorte à travers l’objectif de sa caméra, comme si celle-ci était entre nos propres mains. Même lorsqu’il la retourne vers lui-même, dans le cadre intime de son studio, nous avons encore l’impression de manipuler la caméra, découvrant son corps gai, étrange et ce sans la sensation désagréable de fouiner dans sa vie privée. Parfois narrées, les œuvres prennent alors le ton d’un journal intime tout en ayant une échelle cartographique: nous vivons ces moments en compagnie de Clouin, au fil de ses errances dans les rues de Paris et du monde, jamais tout à fait flâneur, jamais tout à fait voyeur. Sura Wood, journaliste à Hollywood, dit de son travail qu’il « (séduit) le public avec ses gros plans intimes de courbes et d’orifices de son propre corps bien modelé. Au moment où l’on pense reconnaître ce qui apparaît à l’écran, le corps se déplie et on réalise avoir été excité par le creux d’une épaule ou un lobe d’oreille particulierement sexy3». avec une économie de moyens, Clouin est capable de se montrer, de montrer son corps et ceux d’autres hommes sous un éclairage extraordinaire. La mise en lumière de la vie homosexuelle ordinaire et d’une masculinité tangible est un antidote nécessaire aux images stéréotypées, exagérées, d’homosexuels que véhiculent constamment les médias. Clouin offre des images de la sexualité masculine gaie crûment honnêtes et qui baignent dans une lumière régénératrice et libératrice. Je remercie Pierre Yves Clouin de m’avoir montré que mon identité est résolument gaie et que ma vie, dans tout ce qu’elle a d’ordinaire, demeure toujours fascinante.
Stefan St-Laurent, commissaire.
Traduit de l’anglais par Colette Tougas
Artiste multidisciplinaire et commissaire, Stefan St-Laurent est né à Moncton au Nouveau-Brunswick en 1974. Il est détenteur d’un baccalauréat en arts médiatiques de l’université Ryerson de Toronto. Son travail performatif et vidéographique a été présenté dans de nombreuses galeries et institutions muséales au Canada (YYZ - Toronto, La Galerie d’art d’Ottawa, Western Front - Vancouver, Art Gallery of Nova Scotia - Halifax) et en Europe ( Centre national de la photographie de Paris - France, Centre d’art contemporain de Basse-Normandie, Edsvik Konst och Kultr - Suède). En 2008, il était invité de la Biennale d’art perfomatif de Rouyn-Noranda. Il a également été invité comme commissaire du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul de 2010 et 2011. Il agit présentement à titre de commissaire de la Galerie SAW Gallery d’Ottawa.
Extra Ordinary Men
Pierre Yves Clouin is an eccentric and transgressively curious video artist from Paris, and possibly the first video artist I worked with in my life, circa 1995. I met him in person for the first time about a decade ago in his hometown while doing curatorial research, and he showed me a side of this city few budding curators get to see and experience. I was confronted with a slew of new ideas, and even self-questioning. His work iluminated me in ways I didn’t think lo-fi, low budget video could. Clouin lived on the outskirts of Paris in a Le Corbusier - designed artists’ housing project. We walked there, quite far, from the Marais district to the Seine river on the Mitterand library side, stopping at a gay cruising area that was so over-the-top, Paris started to look unreal, like in the movies. If you asked a group of straight filmmakers to try to imagine what a gay cruising scene would look like, they would probably imagine exactly what I saw. It was an exaggerated reality: I realized right then and there that I was actually in that hyper-charged, sexualized space Clouin has been eternally fascinated with. In broad daylight, we walked through an underpass that became extremely dark. Moving figures could be seen briefly as silhouettes from the small door at the other end which emitted a little bit of light. I told him I was scared, and he just laughed. He knowingly said to me, «Wait until you see the other side.» There, men theoretically dressed as construction workers sat spread-eagle on colossal machines, scrotums oozing out of jeans holes like melting candles, with everyone eventually engaging in frenetic outdoor oral and anal sex. Many of Clouin’s later works indulge in this tenuous space where the public and the private cohabit. I was confronted with a prudeness inside me I didn’t know was there. For years, I thought I had gained my freedom by only having pronounced the words «I’m gay,» obivious back then to how heterosexualized or culturally sanitized my view was of my own sexuality. Renegade actor Marlene Dietrich proclaimed, «Sex. In America an obsession. In other parts of the world a fact», and one can’t help but imagine she was speaking latterly of Paris, where she spent the final years of her life. Drenched in sexuality and humour, Clouin œuvre shows us a facet of queer life that may be unflattering but still endearing, raw but spectacularly sublime. Examining Clouin’s philosophical side without referencing Michel Foucault would overlook what is at the heart of his practice. The corpus of his video are lived moments, or intimate recordings of the self in relation with others, captured by the tiny eye of a hand-held video camera. In a interview in 1982, Foucault could have been speaking of Clouin’s work: «Sexuality is a part of our behaviour. It’s part of our world freedom. Sexuality is something that we ourselves create. It is our own creation, and much more than the dicovery of a secret side of our desire. We have to understand that with our desires go new forms of relationships, new forms of love, new forms of creation. Sex is not a fatality; it’s a possibility for creative life. It’s not enough to affirm that we are gay but we also create a gay life.» A queer ethnography for popular consumption, his video work reveals the extraordinary and ordinary stuff found in contemporary queer culture. The game of hiding and revealing is quite significant, and reminds me of the paradox of gay life: seeking visibility and freedom all the while seeking invisibility for fear of violence and humiliation. While a voyeur does not typically relate or directly exchange with the subject he or she is observing, many critics and programmers refer often to the voyeuristic nature of Clouin’s work. I would rather make comparisons with secret photography, introduced in the late 1800s with the advent of spy cameras and popularized ever since by miniaturization of image-recording devices. And although France has now adopted quite strict laws prohibiting the publication of any photograph of a person without their express consent, Clouin embraces the lawlessness of what he is making and doing in the public sphere. His approach is certainly not new, and reminds us of Paul Strand’s technique: «Strand set out for Five Points, the heart of the immigrant slums on the Lower East Side, with his camera rigged with a false lens to distract attention. Approaching a potential subject, Strand turned ninety degrees away and aimed the false lens in the direction he was facing. The real lens, on an extended bellows, stuck out under his arm toward the person.»2 Clouin shows us his world with spectacular realness and proximity, closing the divide between screen and viewer. We are somewhat looking through Clouin’s camera lens, as if we were holding the camera ourselves. Even when he turns the camera onto himself, in the intimate setting of the studio, we feel like we are manipulating the camera once again, discovering his strange, queer body without that nagging feeling of snooping into his private life. Sometimes narrated, the works become diaristic in tone, and cartographic in scale - we are living the moments with Clouin, as he wanders the streets of Paris and the world, never quite flâneur, never quite a voyeur. Holywood reporter Sura Wood states that his work «(seduces) audiences with intimate close-ups of curves and orifices on his own well-sculpted body. Just when you think you recognize what’s on-screen, the body unfolds and you realize you just got turned on by shoulder cleavage or by a particularly sexy earlobe.»3 With an economy of means, Clouin is able to show himself, his body, and the bodies of other men, in an extraordinary light. This illumination of ordinary queer life, of tangible masculinity, is a necessary antidote to the stereotypical, exaggerated images of homosexuals we constantly encounter in the media. He portrays an image of queer male sexuality that is brutally honest, and basked in a light that is regenerating and liberating. I thank Pierre Yves Clouin for showing me that my identity is determinately queer, and that my life, in all its ordinariness, is somehow fascinating still. -
"EXPLORING THE OFFBEAT WORLD OF EXPERIMENTAL FILM" BY SURA WOOD, SAN FRANCISCO ARTS MONTHLY, San Francisco, 2005
Even the most ardent movie buffs often stop short of embracing experimental film. Although this neglected stepchild of independent cinema conjures images of gritty film stock, atonal music and non-linear or non-existent plot, it is a category of filmmaking in which many innovations start and creativity blooms, unfettered by commercial pressures or the glare of publicity. Its practitioners, obscure to all but a few devotees, are often defiantly individualistic and oblivious to audience appeal, which can pose a problem for exhibitors. "I'm not sure if I could claim to know the public's attitude toward experimental film or whether 'resistance' would be an appropriate word to use," says Steve Polta, administrative director of San Francisco Cinematheque, a leading proponent and presenter of experimental, personally expressive film, video and cutting-edge media. "I would venture that much of the work we screen, be it historical or contemporary, documentary, narrative or experimental, differs from most mainstream media in that it is not necessarily easy… Much of the work we present is complex and encourages — and rewards — active engagement on the viewer's part." … The controversial, award-winning French video artist Pierre-Yves Clouin has been called, among other things, "the master of innuendo and metamorphosis." Part renegade philosopher, part exhibitionist, Clouin uses his body as battleground and movie set. He is the subject of "We Cannot Exhibit It: The Videos of Pierre-Yves Clouin,"… [presented by the San Francisco Cinematheque in April 2005, see below]. "As both director and star of his growing body of work, Clouin focuses his lens on [unexpected] parts of the male body … like armpits and shoulders, the small of the back and the top of the head," wrote Rajendra Roy in 2001 on the website C-x-P. (Roy is the former manager of the Solomon R. Guggenheim Museum's Film and Media Arts Program.) "Clouin works like a video Venus Flytrap, seducing audiences with intimate close-ups of curves and orifices on his own well-sculpted body. Just when you think you recognize what's on-screen, the body unfolds and you realize you just got turned on by shoulder cleavage or by a particularly sexy earlobe… Clouin has some sexy advice for the body-obsessed among us: 'Accept pleasure whatever it may be and whenever it strikes.'" …
Sura Wood, San Francisco Arts Monthly, April 2005
"ALL YOU CAN EAT – HOMOSEXUELLE PORNOGRAFIE UND KÜNSTLERISCHER FILM" BY ULRICH WEGENAST, Freibur, 2004
Pierre Yves Clouin ...[T]here are many visual artists who aggressively thematize their own sexuality. The influence of one's own sexuality on the artistic work has become an established topos. One example of how homosexuality is now naturally dealt with in art – here film – are the works of the French artist Pierre Yves Clouin. Here, too, the aspect of staging in front of the camera and the aspect of showing play a big role: exhibitionism and voyeurism take full effect in films such as Cul en l’air (1997). His minimalist videos are performances that are filmically condensed. On the one hand, they stand in the tradition of 1960s and 1970s Body Art – e.g. the works of Carolee Schneemann and Valie Export. On the other hand, the videos acquire a pornographic dimension through their directness and perspective. Especially in performance art there have consistently been actions that have been described as pornographic: the most well-known examples are certainly the happenings of the Viennese Actionists around Otto Mühl, Günter Brus and Herrmann Nitsch, which, because of their intention and manner of articulation, broke the tightly-set framework of pornography. Often, these actions and performances had a political utopian core and were rituals against the domestic. This utopian force is not at all palpable in the videos of Pierre Yves Clouin. His work is one of body explorations, which occasionally appear narcissistic. At this point one may well ask to what extent the impetus to aggressively display one's own body is identical for a video artist and for a porn actor. For the artist, unlike the porn actor, it is often about the display of the imperfect, the reflection of body politics in relation to mass media, and about the transformation of the body into an instrument or artistic material. An undissolved remainder lingers however in the comparison between artistic and pornographic film – e.g. the wish to directly address an anonymous audience. And so a critical review of Cul en l’air says: “My levitating butt is a bit of a prick. This conceptual videotape transforms a man's buttocks into the head of a giant penis. Luckily, it doesn't blow its load.” Closing Remarks Front Room – likewise by Clouin – also marks however the difference between one-dimensional pornography and the artistic dimension of a film that always also opens up room for imagination and association. What the viewers of Front Room at first believe they are seeing is eventually thwarted. In contrast to the pornographic film's aesthetics of definiteness and its concept of the incorporation of the viewers, every artistic film contains something ambiguous or dissolves clarities. Confusion and distancing are aspects that are foreign to the pornographic principle. The question emerges whether the artistic film can be pornographic at all. As Peter Gorson speaks of an “inauthentic obscenity in art,”1 it would be better to speak of an “inauthentic pornography in the artistic film,” because these films, despite their explicit depictions, always provide a widening of perspective. Contrary to an artistic intention in dealing with depicting sexuality, pornography – even when this distinction between art and pornography often seems like a fig leaf – does not want to be “bothered by anything awry in its aim to arouse desire.”2
Ulrich Wegenast, Freiburger FrauenStudien, vol. 10, issue 15, 2004, pp. 293-314 (excerpt). Translation: Heinrich-David Baumgart
Pierre Yves Clouin .. [T] il ya beaucoup d'artistes qui thématisent agressivement leur propre sexualité. L'influence de sa propre sexualité sur l'œuvre artistique est devenue un topos établi. Les œuvres de l'artiste français Pierre Yves Clouin sont un exemple de comment l'homosexualité est naturellement maintenant traité dans l'art - ici le film. La encore le fait d’être face caméra et en représentation jouent un grand rôle: l'exhibitionnisme et le voyeurisme font pleinement effet dans des films comme Cul en l’air (1997). Ses vidéos minimalistes sont des représentations condensées en film. Ils se tiennent d’une part de la tradition du Body Art des années 1960 et 1970 - des travaux de Carolee Schneemann et Valie Export par ex. et d'autre part, ces vidéos acquièrent une dimension pornographique par leur franchise et leur perspective. Il y a toujours eu dans l'art de la performance, notamment, des actions qui ont été décrites comme pornographiques: les exemples les plus connus sont certainement les happenings des actionnistes viennois autour d'Otto Mühl, Günter Brus et Herrmann Nitsch qui, en raison de leur intention et de leur mode d’articulation, ont brisé le cadre étroitement fixé de la pornographie. Souvent, ces actions et performances avaient un utopique noyau politique et étaient des rituels contre la domesticité. Cette force utopique n'est pas palpable dans les vidéos de Pierre Yves Clouin. Son travail est une exploration du corps, parfois narcissique. À ce stade, on peut se demander dans quelle mesure l'impulsion à afficher agressivement son propre corps est identique pour un artiste vidéo et pour un acteur porno. Pour l'artiste, à la différence de l'acteur porno, il s'agit souvent de l'affichage de l'imparfait, de la politique du corps par rapport aux médias de masse et de transformation du corps en instrument ou en matériel artistique. Toutefois il reste un fond non résolu dans la comparaison entre le film artistique et le film pornographique - par exemple le désir de s'adresser directement à un public anonyme. Ainsi, une critique de Cul en l’air dit: «En s’envolant mon cul fait le gland. Cette bande vidéo conceptuelle transforme les fesses d'un homme en gland de pénis géant. Heureusement, il ne crache pas. “ Mot de la fin Front Room - du même Clouin - marque aussi la différence entre la pornographie unidimensionnelle et la dimension artistique d'un film qui lui, ouvre toujours la place à l'imagination et à l'association. Ce que les spectateurs dans la salle croient d'abord voir dans Front Room est finalement contrecarré. Contrairement à l'esthétique et le concept d'incorporation des téléspectateurs du film pornographique, chaque film artistique contient quelque chose d'ambigu où la clarté est dissoute. Confusion et distanciation sont des aspects qui sont étrangers au principe pornographique. La question se pose de savoir si le film artistique peut être vraiment pornographique. Comme Peter Gorson parle d'une ”obscénité inauthentique dans l'art”1, il serait préférable de parler d'une ”pornographie inauthentique dans le film artistique”, car ces films, malgré leurs représentations explicites, offrent toujours un élargissement de perspective. Contrairement à une intention artistique de représenter la sexualité, la pornographie - même si cette distinction entre l'art et la pornographie semble souvent une feuille de vigne - ne veut pas être ”dérangée dans son objectif de susciter le désir par quelque chose de tordu”2.
Ulrich Wegenast, Freiburger FrauenStudien, vol. 10, issue 15, 2004, pp. 293-314 (extrait)
A text by program director Remco Vlaanderen - WorldWide Video Festival 2003 - about Thé au riz & Strong Enough
Thé au Riz, 2002 Video, 15’30 min., colour
“You see stuff and, at the same time, hear other stuff. For example, you see a guy's butt in the street and you hear someone talking about his taxes. Totally unrelated”, ponders the voice-over in Thé au Riz. Pierre Yves Clouin juxtaposes a sound recording of an intimate conversation in bed with his lover with lengthy images of public spaces — a shopping mall, a café, a street in New York City.
The conversation meanders along, as a wide view of a landscape filmed through an airplane window passes by. The altitude of the plane reduces rivers and mountains to mere cracks and crevices. All sense of proportion is lost. The scene changes, so does the conversation.
- What do you mean, the bar that’s higher than you?
- What?
- You said: on the bar, which is higher than you.
- Oh yeah, when you’re sitting on the bed here the bar over there is higher than me.
There doesn’t appear to be any sense of logic or direction in this conversation, nor do the changing scenes seem in any way related to each other. It appears to be just pillow talk accompanied by random images shot with a handycam. The man continues to speak in a soft voice about some friends, the places in Paris they visited, which route they took to get there, and where they had lunch. We see a kid wearing an Adidas jacket waiting for his dad who’s using a public phone in some mall while a voice-over discusses a female duck and her ducklings. Totally unrelated. When he asks his friend about the leftover pasta we see the image of someone reading a paper in an outdoor café. What remains however throughout the entire fifteen minutes of the video is the strong sense of intimacy. Clouin immerses you in a dream-like state where the apparent absence of logic is not questioned.
Thé au Riz is a thought-provoking and challenging work that raises a number of questions about the blurring of the boundaries between public and private space, in particular about the relationship between the individual and the media, which are increasingly invading people’s private lives, just like we see more and more of people’s private lives reflected in the media.
Strong Enough, 2001 Video, 1’5 min, colour
“I don't need your sympathy There's nothing you can say or do for me…” Cher in Strong Enough
Out of all the bug video’s that were sent in to the World Wide Video Festival this year Pierre Yves Clouin's Strong Enough made a lasting impression. The short clip only lasts one-and-a-half minute and is arguably the world’s shortest and sweetest musical ever made. The leading lady is a June Bug lying upside-down on its back, struggling in a desperate attempt to get back up on its feet again.
It is remarkable how Clouin manages to transform such a simple everyday life scene into a larger-than-life event by effectively utilizing the essence of comedy: the careful orchestration of tension and relief. The viewer is parachuted into a top dramatic moment. You immediately identify and sympathize with the struggling bug. Then Clouin injects a bit of humour to relieve the heavy tension of this tragic event: the first two verses of Cher’s song Strong enough kick in. Relief. Cher is basically saying that you can be strong and rule your life and make the choices you want to make. Then Cher stops... We wait for the climax. But there is no climax, there is no turning point in the plot.
Remco Vlaanderen - WorldWide Video Festival 2003 - about Thé au riz & Strong Enough
Anecdotal Evidence Ham and Eggs: On Experimental Film and Foreignness By Margaret Schwartz 17 July 2002:
This year’s Thaw had humor and style — something I can’t say about last year. My first prize for a video with intelligence, pathos, and wit goes to Strong Enough, by Pierre Yves Clouin. The video consists of one full minute of a beetle of some sort, perhaps what Midwesterners call a June Bug, struggling to right itself. It is an accident of these creatures’ physiognomy that once flipped onto their large backs, it is very hard for them to get enough leverage with their tiny legs to flip back over. You’ve all seen it. But did you really look? Strong Enough affords the pleasure of detail and the excitement of rediscovery: sitting silently in the dark with this enormous moving image as the only distraction, the audience was forced to observe tiny movements of the legs, to hope anxiously for a resolution which of course never comes. It wasn’t long before certain members of the audience started to laugh, because it’s funny, somehow, sitting there silently rooting for this bug. And, unlike many of the filmmakers who used their space for pompous intellectual explications of work that should have been self-explanatory, Clouin used his program blurb perfectly. He wrote: “I don’t need your sympathy.” Even without this suggestive comment, we would have laughed because the beetle clearly didn’t care if we were watching, wasn’t capable of playing it for the camera (God forbid). One could imagine a cartoon version of the same idea done on Sesame Street, but the real “face” of the beetle, which is to say its animal impassivity, lent its actions a certain dignity. It was fantastic: short, simple, and brilliant.
Curated for New York's Anthology Film Archives by Astria Suparak, "Dirges and Sturgeons" premiered in October 2001. The program included work by Animal Charm, Lawrence Elbert, Bjorn Melhus, Pierre Yves Clouin, Jacqueline Goss, Miranda July, Seth Price, and others.
Clouin's The Little Big (1999), selected for Sundance 2001 was featured in the show.
" ... case in point: Pierre Yves Clouin's The Little Big, an up-close crevice of quievering flesh that maximizes its eroticism by keeping the viewer guessing about what body part is bing shown. That's what I like about experimental work --just having to work your brain a little harder instead of predicting the ending."
SHORT, QUIET AND DISTURBING ON RECENT VIDEO WORK BY PIERRE YVES CLOUIN BY GER ZIELINSKI IN TRADE, TORONTO, 2001
My first brush with Clouin was seeing his video MY LEVITATING BUTT (Cul en l'air) (1997), a sharp short that shoots from tle hip and reveals several of the artist's concerns. Butt is composed of a single shot containing now and then part of the artist's body. The work opens with the actor/artist apparendy lying on the floor for a few moments nearly naked, clad merely in a skimpy jockstrap. He then slaps his butt and begins to levitate, legs curled up and hidden from the camera, exposing only his back, subtly bobbing upwards and magically tansforming into what appears to be the giant head of a fully erect penis, eventually escaping out of the top of the screen. The image is centred, symmetrical, simple.The body is Platonic in its self discipline, its certainty, its athleticism, its lean, taut muscles, always a pleasure to uncover, to view. The movement of the body across the frame is forever steady, precise. Nothing wasted, nothing extraneous. The sound is raw, from the studio in which the tape was shot, apparendy unmanipulated and direct. Thematically, the work addresses vision and the gaze through framing devices and the male body, but the accent is equally on the male figure and the representation of gay male sexuality. These elements return in various combinations and balances in Clouin's more recent work. On his artistic practice Clouin notes, “Alone in front of the camera, and without word, I spy on myself in the monitor during the action. I am double: seer and seen." This excerpt captures and accurately accounts for several elements characterizing his work. In particular, the strong, successful play with framing is reminiscent of Warhol's provocative film Blow Job (1963) in which only an actor's face and upper body are in view. The putative offscreen action is fellatio. From the tide and the actor's expressions and sounds the viewer is left to decide whether the action in fact took place. No visual closure to this simple narrative is offered. the action's factuality is left inderterminate. While Clouin's use of framing to create ambivalence and emotional tension sometimes ends in narative resolution, sometimes the ambivalence remains. another of many influences on Clouin's approach to relating his body and technological medium in Vito Acconci's work. The concern with acknoleging the medium itself through its most fundamental devices, such as a frame and direct sound, is common to both. Unsettling or disturbing the viewer by situating him as voyeur is also a strongly shared motif. However, one important difference between these video artists is that Clouin never speaks or verbally addresses the viewer directly. His work is largely visual in nature and quiet, with some direct environmental sound, but never spoken language. The wit inherent in his visual bodily play owes a little to the notion of ostranenie or making the banal strange, coined by the early Russian avant-garde. A riddle of sorts is often posed to the viewer before he even recognizes it as such a way as to mislead the audience into assuming they know what is displayed until the situation is carefully, subtlly changed, the framing is altered, the body is moved, to reveal the mistake, misperception, misunderstanding. A gentle but disturbing subversion of learned viewing habits, lazy epistemologly. Both COWBOY (1998) and DIANA TEXAS (1999) I selected to be part of a program of artists' film and video called DRAGGED OUT: A STUDIED GLANCE AT CURRENT RADICAL DRAG (at Toronto's Pleasure Dome in 1999. The aim of the show was to inspect the outer boundaries of (radical?) drag mainly by artists. While neither of Clouin's tapes was intended as a drag tape, to be sure, they fit superbly in the program, perhaps for that very reason. COWBOY is a single shot of the kneeling artist's naked thighs, butt, and scrotum from behind, centred and in triangular stance with bright sunlight spilling into the studio before him and street sounds just barely audible. The viewer wonders what the actor is doing. Curiously sunning himself, urinating while kneeling, masturbating? He manipulates his scrotum with his hands, forming a silhouette of what may be discerned as bovine teats. Here it is not a question of crossdressing but of species crossing without any sophisticated camouflage but simply the actor/artist's body, light and camera. The movement and eventual revelation of feigned teats are droll and serve well Clouin's accompanying caption for this video, "In just a lonesome cowboy with gorgeous teats." In his DIANA TEXAS we see first a composition of the chest and hands of someone-in fact, the artist-lying in a t-shirt, apparently with breasts. The actor/artist lights a cigarette with a match, accompanied by raw sound. His hands begin to fondle the “breasts" erotically and in turn unscrew their tips and begin ringing them, which thereby reveals their practical nature as desktop bells. He then slides the breasts-bells around under his shirt while ringing them to a near visual and aural frenzy. With his glasses on he briefly peers into the camera, and finally readjusts the bells to better simulate once again a female chest to bring the tape to a close. DIANA TEXAS seems a sort of feminist video, a veritable parody of straight male porn or more generally the representation of women and their objectification; here the feigned selferoticism as in pornography is merely posed for the camera and the inferred viewer/voyeur, but thoroughly disrupted by the excessive movement and ringing. KANGAROO ( 1998) provokes the viewer through its impossible, unresolved nature, while CARNISSUS (1999) continues the play with ambivalence but at the threshold of light. KANGAROO has its own curious pouch-ostensibly a human butt-which fills the screen and out of which toils arduously and incredulously a hand with heavy breathing on the sound track. The hand once outside reaches to lind some cloth near the camera lens and then flicks its fingers at the lens which signals the end of the video. An audacious example of a sort of reverse fist fuck, wittily turned inside out? The "butt" is so convincing that I am still unsure with which other body parts Clouin achieved such a fine simulation. I am left wondering and in wonder. With clear references to the myth of Narcissus and "carne" (flesh), CARNISSUS lives at the edge, the threshold of light, of reflection. The video image is dark and difficult to discern but intrigues and holds the attention of the viewer. One hears water dripping, with added manipulation to achieve an echoing sound, supporting the theme of reflection. One also hears passionate kissing which one associates witl the shadowy figures in the frame. One eventually recognizes the kissing partner of the male ligure as the figure's very own reflection in a mirror. The darkness of the screen, images nearly indiscernible, entices the viewer into prolonged voyeuristic activity, a drive to see, to uncover, to witness, to know. One video that stands quite alone in Clouin's recent work is HONNEY BUNNY (Mon lapin bleu) (1999), breaking with a few of the artist's stylistic and structural devices. BUNNY is lighter in tone than the others, even whimsical. It opens with a shot of the actor, the artist himself, sitting naked on a stuffed toy bunny, crotch to crotch. He bounces in that position moving about the floor of the studio, perhaps simulating some frisky sex,which is then interrupted by the titles of the piece. The final (and humorous) shot is of the bunny as a top, mounting the actor/artist. Here Clouin's carnal perplexity and subtle framing are forsaken. The strange and banal mass-produced, interchangeable stuffed bunny in this video becomes a sex object, a children's toy, a fetish. Kinky, indeed.The brisk movement of the actor and bunny subverts the darker consequences of all this, but the subtext pointing to the commodification of desire and sexuality remains. Reminiscent of the earlier Butt, among others, in depth and quality, Clouin's THE LITTLE BIG (1999) ranks as one of my favourites of his videos. This tape begins with the image of an apparent butt, sound the sound of a match being lit, and watersounds that may signify the setting of a bathroom. A hand caresses the butt, but also appears much larger in scale. With the heavy breathing we wonder what sort of sexual activity is being performed on the other, hidden side. Piquing our voyeuristic curiosity, we wonder about fellatio, masturbation, etc. The actor's dangling balls appear to jut visibly from the base of his butt. This action is sustained over a few seconds, allowing the viewer to become misled in his confident mechanisms of recognition, identification and empathy. The butt unravels surprisingly into shoulder blades, balls into butt. Camera angle revealed. Assumptions destroyed. Match struck and cigarette lit. Surveying several of Clouin's recent videos reveals a concise portrait of an artist and his work very successfully situated in traditions carved out by such artists as Warhol and Acconci, among others, but with important differences in approach to his medium and treaternent of his thermes and concerns. Clouin pushes video art in avery reflexive direction. Not only is medium specificity, i.e. video as video, constant, but also the thematic concern with looking and the gaze. He constitutes the voyeur through his clever framing of his body and proceeds to dispel his assumptions, thereby making the banal ever so strange. Clouin'swork challenges and provokes the audience into seeing particularly the male body anew and more generally into rethinking our presumed and lazy habits of perceiving. Work truly short, quiet and disturbing. The way I Iike it.
Ger Zielinski "Short, Quiet and Disturbing: On Recent Video Work by Pierre Yves Clouin," Trade, 4, spring 2001, pp. 19-21, Toronto, Canada
Ger Zielinski lectures on contemporary aenhetics and theories of art, film and new media work inthe School of Image Arts, Ryerson Polyechnic University, Toronto. He also lectures at universities and festivals in Europe and North America, and publishes criticism regularly in Paruchute and Lola, among other art mags. Ger curates for Toronto's Pleasure Dome.
"Naked Eye,” by Rajendra Roy, Empire, NYC, 2001
"'Timidity is not an issue,' says video artist Pierre Yves Clouin. Part exhibitionist, part auteur, Clouin is not afraid to show a little skin in his little videos (none are more than 5 minutes long). And is not afraid to share an opinion either: 'Full frontal nudity is curiously flat.' "As both director and star of his growing body of work, Clouin focuses his lens on parts of the male body that don't often make gay top-ten lists, like armpits and shoulders, the small of the back and the top of the head. Clouin works like a video Venus Flytrap, seducing audiences with intimate close-ups of curves and orifices on his own well-sculpted body. Just when you think you recognize what's on screen, the body unfolds and you realize you just got turned on shoulder cleavage (The Little Big, 2000) or by a particularly sexy earlobe (I've Got Mouths All Over, 1999). "Earlier this year he screened a tape at the prestigious Sundance Film Festival. This fall he has a few venues lined up including the MIX Festival in Manhattan, where Clouin once premiered The Bleating Calf and caused a sensation with animal rights activists until it was explained that what looked like a lamb about to be slaughtered was actually Clouin himself, naked and moaning. "Clouin travels quite a bit these days, leaving his boyfriend at home in Paris. Exquisitely formed and clearly at ease with exposing himself to the critical masses, Clouin has some sexy advice for the body-obsessed among us: 'Accept pleasure whatever it may be and whenever it strikes.'"
Rajendra Roy Chief curator, Department of Film, Museum of Modern Art; "Naked Eye,” Empire, 07, fall 2001, p. 26, New York City
Cinematexas International Short Film + Video Festival 2000
THE LITTLE BIG (1999) , Pierre Yves Clouin, 3:38 minutes
“Every crease and surface of the human body has erotic potential in the work of Pierre Yves Clouin. With only details of unidentifiable flesh to ponder, sexual tension vibrates between the screen and the audience’s collective imagination. The answer to the question ‘Is that his…or his…?’ is kept out of reach, drawing the viewer into a mind-body-camera menage-à-trois with no climax…” – Cinematexas International Short Film + Video Festival
DIANA TEXAS exhibited in fall Out - Air Raids: LA Freewaves Festival at Otis College, Los Angeles
LA Freewaves 2000
"The Venus Flytrap" by Rajendra Roy in turbulences Vidéo, Clermont Ferrand, 2000
The first time I saw Pierre-Yves Clouin’s video work, I remember feeling a little naughty. I was looking at what I thought was a dying calf, weak and vulnerable, and yet it was a scintillating experience. The image was a bit out of focus; just enough to invite imagination, but not so much as to dissuade belief. When my eyes finally focused on what was actually taking place on the screen, and I realized that bare skin and labored moans belonged not to a weak calf, but rather to a wily Frenchman, I was enamored. It is perhaps the naked vulnerability of Clouin’s subject/self that makes his careful mastery of the video trompe l’oeil so beguiling. In each of the minute-or-so long works he produces, the viewer is presented with soft crevices on sculpted male bodies, hush moans and false orifices via voyeuristic electronic glances. In the end, it is always the viewer who is left exposed. Exposed that is, to the invented reality of the recorded image. At once anti-documentarian and a redefining of the visual autobiography, Clouin’s work succeeds precisely because he fully expects us to trust the camera: “Seeing is Believing.” Melding a Venus flytrap’s knack for seduction with a contortionist’s sense of mise-en-scène, Pierre-Yves Clouin is the quintessential video “top.” Rajendra Roy
"L’attrape-mouche" par Rajendra Roy
La première fois que j’ai vu le travail vidéo de Pierre Yves Clouin, je me souviens de m’être senti un peu coupable. Je regardais ce qui me semblait être un veau en train de mourir, faible et vulnérable, et c’était pourtant une étincelante expérience. L’image était un peu floue ; juste assez pour inviter à l’imagination, mais pas suffisamment pour nous dissuader d’y croire. Quand, finalement, mes yeux se concentrèrent sur ce qu’en fait il y avait à l’écran, et que je réalisais que cette peau dénudée et que ces difficiles gémissements n’étaient pas ceux d'un veau sans défense, mais plutôt d'un astucieux français, j'ai été épris. C’est peut-être la vulnérabilité nue du sujet-moi de Clouin qui rend sa soigneuse maîtrise de la vidéo trompe-l’œil si captivante. Dans chacun de ses travaux d’une minute, ou des plus longs, qu’il a produit, le spectateur se trouve devant de douces fentes sur des corps masculins sculptés, de secrets gémissements et de faux orifices via de voyeuristes coups d’œil électroniques. À la fin, c’est toujours le spectateur qui reste mis à nu, exposé en fait à la réalité inventée de l’image enregistrée. À la fois anti-documentaire et redéfinition de l’autobiographie visuelle, le travail de Clouin réussit précisément parce qu’il attend entièrement de nous, d’avoir confiance en la caméra : "Voir, c’est croire". En fusionnant la stratégie de séduction de l’attrape-mouche de Vénus et un sens contorsionniste de la mise en scène, Clouin est le "top" quintessenciel de la vidéo.
Rajendra Roy Chief curator, Department of Film, Museum of Modern Art; Competition Selection Committee, Berlinale Internationale Filmfestspiele Berlin; Formerly, programmer, artistic director, Hamptons International Film Festival; executive director, MIX Gay/Lesbian Film Festival; Film and Media Arts Program Manager, Solomon R. Guggenheim Museum
Rajendra Roy , "L'attrape mouche,” p 45 Turbulences vidéo, 29, fall-winter 2000, Clermont-Ferrand, France
Rajendra Roy
Chief curator, Department of Film, Museum of Modern Art;
Competition Selection Committee, Berlinale Internationale
Filmfestspiele Berlin; Formerly, programmer, artistic director,
Hamptons International Film Festival; executive director, MIX
Gay/Lesbian Film Festival; Film and Media Arts Program Manager, Solomon R. Guggenheim Museum
Education: BA, University of California, San Diego
Co-founder: Rising Stars program
Publications include: "Making Choices," Moving Pictures; "The New
'Old' World," IndieWIRE; "Naked Eye: Pierre-Yves Clouin," Empire,
no. 7; "The Knickian Doctrine: A Metaphor for the Future of the Media
Arts," MAIN; "The Truth and the Need: Jim Hubbard as Curator" in
Jim Hubbard, Filmmaker, exh. cat. Brooklyn: Dumba Arts Center;
"Films and Videos for a Synthetic Society" with Anie Stanley, in Next
Sex; "L'Attrape Mouche (Venus Flytrap)" in Turbulences Video #29.
Pierre Yves Clouin ou le pacte charnel par Marianne Valio
Là où référents et références ont statué la loi des hommes, l'éligibilité des valeurs et supplanté l'émotion du "faire-vrai", le vidéaste Pierre Yves Clouin accomplit sa vie. De cet accomplissement libertaire est née ma rencontre avec l'auteur et son œuvre.
Pierre Yves Clouin est un homme de parole : celle que l'on se donne à soi-même. De cette parole vierge de tout parasitage esthétique, l'artiste structure la portée d'un langage universel d'où advient l'œuvre, sans justification de fondement et de forme, sans écran. Son style c'est lui.
Dans le panorama artistique contemporain et producteur d'œuvres, Pierre Yves Clouin ne déroge pas à sa parole. Jamais dupe, il sait que "tout a été dit" et que "tout a été fait". Son implication d'artiste se génère d'elle-même. L'originalité de sa démarche et sa concision esthétique m'engagent à évoquer son travail afin de mettre en valeur la texture de l'œuvre.
La chair est son terroir, sa cimaise, son espace de création. La vidéo, son outil immédiat pour transmettre - ici et maintenant - la représentation d'un corps habité, sculpté par un montage en perspective, affiné par la matité des sons, évoquant la gamme chromatique du peintre ou la cadence du burin du sculpteur.
De ses débuts de peintre (il fut l'assistant de Gérard Garouste) où il s'impliqua dans la réalisation de peintures abstraites en petits formats, Pierre Yves Clouin persévéra dans sa quête de l'image par l'image (photographie, design, architecture) créant ainsi une percutante langue visuelle dont l'expressivité corrobore l'avant-gardisme de la Renaissance et sa mise en abîme du "point de fuite", en conséquence ses enjeux et empreintes dans l'évolution de l'histoire de l'Art.
Pierre Yves Clouin est un artiste tenace. Acharné à extirper de la genèse de ses œuvres en "autoportraits", une essence de l'art, il nous offre les clés du mystère de notre propre perception, sans intention d'effraction de serrures, sans volontarisme de détournement des certitudes de notre quotidien, nous suggérant ainsi d'autres visions plastiques. Par la rigueur absolue de son travail, il assujettit son corps à son expérimentation d'auteur singulier, visant à interroger les lois de la chair, de l'érotisme, de l'animalité et du lien. La projection de ses œuvres vidéographiques signe frontalement la configuration de son inspiration d'artiste, qui révèle le temps d'une œuvre, sa non-appartenance à la tribu des homo sapiens et des bipèdes. Pierre Yves Clouin incarne selon moi, la génération spontanée des "radicaux libres".
Vidéos
Pneumatic Flight(1'30'' - 1999)
Sa tête renversée au bord du cadre de l'écran de projection, face à l'objectif et l'occupant plein-champ, Pierre Yves Clouin dirige et oriente sa main posée par-dessus son crâne afin de le porter. Simultanément, la mobilité de son index libère et obstrue sa narine, sculptant l'œuvre par l'aspiration et l'expiration de son souffle, libérant ainsi le son et la forme. Rythme "crescendo", scandé par le mouvement de ses lèvres et de son doigt. Régularité - en premier chef - rapportée par la bande-son, puis accélération et suspension du souffle jusqu'à l'hésitation de la respiration, influençant le mouvement de la caméra qui, quasi-imperceptiblement, expulse la tête renversée hors champ, laissant ainsi en suspens un présent syncopé.
Par l'atypique approche perceptive de son corps, Pierre Yves Clouin pose l'esquisse de ce que pourrait être une loi de l'apesanteur dans un univers où la trace de l'homme est validée par l'empreinte de ses pieds sur la terre.
Mon lapin bleu(1'10" - 1999)
Le décor est planté : un parquet ciré d'une chambre d'appartement, un sapin de Noël décoré de guirlandes argentées et de boules scintillantes et multicolores. Un lapin en peluche bleue, avec de grandes oreilles bleues et un museau blanc. Le personnage principal est nu. Son corps présenté à l'objectif révèle la typologie parfaite d'un corps d'athlète. Le style du décor rappelle un jour de fête, une veillée de Noël, sacro-saint espace-temps réservé aux enfants et à leurs expériences ludiques. Au centre de l'objectif, Pierre Yves Clouin déclenche les mécanismes du désir et sa mise en œuvre. Il enlace entre ses jambes nues l'objet d'amour, le "jouet d'amour", son lapin en peluche bleue. L'étreinte se désigne à la caméra et trouve appui sur le parquet, donnant libre cours à la chorégraphie initiée par l'artiste, à ce jeu de l'amour où tout s'autorise puisqu'il s'agit d'un jeu. Une fois encore, la mise en forme de la perspective par le biais de l'objectif et du mouvement de la caméra induit la relation des protagonistes et expérimente l'originalité de la caméra "subjective". Pierre Yves Clouin nous laisse pantois et troublés par l'évident polymorphisme du désir de l'autre et réciproquement. Sa pudeur délicate consiste à faire opérer la caméra-vidéo au ras du parquet et à mettre hors champ le visage du héros. De même la cime du sapin de Noël restant à jamais invisible, nous abandonne à l'univers insondable de nos pulsions érotiques.
Lube(1'35" - 1997)
La caméra dans une intime proximité fait corps du profil en visage de Pierre Yves Clouin. "Autoportrait" d'une concentration qui précède l'action, cruciale dans l'expression d'une parole muette mobilisant les lèvres dans l'indicible, révélant l'abécédaire du regard recouvert par les paupières baissées et qui en dit long. Bruissement d'un échantillon cosmétique déchiré dans une rumeur hors champ. Portée de la main qui recouvre et caresse le crâne nu, l'enduisant d'un gel libératoire d'une toilette intime. Le visage de Pierre Yves Clouin subitement se détourne vers l'objectif, révélant également le haut du torse qui pivote sur lui-même. Halluciné, le regard de l'artiste incise nos pupilles par la pénétration de l'objectif. Il projette son crachat dans l'œil de la caméra déchargeant ainsi la tension d'un trop-plein d'amour, celui de notre aliénation commune à l'altérité et au manque.
Carnissus(3'34" - 1999)
"Autoportrait" au plus près de l'émoi permanent transmis par les icônes vidéograhiques de Pierre Yves Clouin,"Carnissus" nous livre la crucialité de l'œuvre en miroir et de son écho perdurant dans notre inconscient collectif. Au commencement était le désir. Narcisse contemporain, Pierre Yves Clouin se penche sur l'oral de la langue, vecteur amoureux de la prédestination du baiser, à l'origine de la parole et de l'altérité. L'innommable prend place dans la représentation rythmiquement plastique de la pulsation cardiaque, du souffle ténu reliant le portrait à l'autoportrait, le désir au désir, la chair à la chair et l'alter à l'ego. Pierre Yves Clouin plonge dans les tréfonds de l'œuvre absolue, auto-érotisme de l'engagement charnel et de son authenticité. L'objectif cadre au plus serré le visage intérieur de l'artiste jusqu'à l'adoration vorace et l'introjection carnivore. Cette œuvre de Pierre Yves Clouin inscrite au cœur du désir, assume l'enjeu possible de la perte, prenant le risque d'y laisser sa peau. Pour qui l'écoute, elle nous dit que le désir se nourrit de lui-même, que l'amour est aussi son propre bourreau et simultanément son rédempteur.
Fondu au noir.
Pierre Yves Clouin a élu domicile en lui-même. L'engagement physique de son métier d'artiste le place hors de portée de toute exclusion exogène. Ainsi, œuvrant en extrême liberté, sa manipulation subtilement acquise et vaillamment performante du médium vidéographique, lui permet d'atteindre sa "disparition hors cadre" - parachèvement de son œuvre - afin de nous inviter à tirer parti de nous-même : être auteur de notre vie ou bien y renoncer.
À quel prix ?
L'œuvre vidéographique de Pierre Yves Clouin ne s'expose pas, on l'emmène avec soi.
Paris, le 10 septembre 2000
Pierre Yves Clouin ou le pacte charnel par Marianne Valio
Marianne Valio, Chargée de mission au Département de la Coopération, de l'Ingénierie et au Développement Culturels, Pôle Résidences, programmes de Recherche et de Création, à l'Association Française d'Action Artistique (AFAA), Ministère des Affaires Etrangères.
Publié dans un portrait de Pierre Yves Clouin, “Turbulences vidéo,” #29, automne-hiver 2000 (Clermont-Ferrand, France).
© 2000 Marianne Valio / Turbulences vidéo
Nicolas Thély, “BELLE DE NUIT,” Les Inrockuptibles, Paris, 1999
Pierre-Yves Clouin enregistre dans son intégralité une action souvent vaine (comme se déplacer à quatre pattes) mais qui intrigue par ses effets d'optique . Le jeune vidéaste se joue du temps de la télévision, du temps segmenté par la publicité, formaté par la grille des programmes où rien n'est gratuit.
Nicolas Thély, “BELLE DE NUIT,” LES INROCKUPTIBLES, N° 187, 24 FEBRUARY - 2 MARCH 1999
SWITCH2 ARTE, Paris, 1999
ARTE fête les treize pleines lunes de 1999 avec l3 programmations spéciales. Chaque Nuit sera produite par un des partenaires d'ARTE (Allemagne, France, Belgique, Espagne...). Elle donnera libre cours à des programmes inédits :courts métrages, surprises, films expérimentaux, auto.fictions, zapping... Expérimentez ! Une fois par mois, Switch privilégie I'univers singulier d'un réalisateur ou d'un artiste. Après leur première Nuit, Claire Doutriaux et Paul Ouazan nous proposent ce soir d'explorer le travail unique du vidéaste américain Nelson Sullivan. Figure connue du milieu underground new-yorkais, celui-ci nous guide dans les rues d'un New York inconnu avec humour et autodérision. On verra aussi les œuvres de Jean-Pierre Mocik, Pierre-Yves Clouin, Marie-Ange Guilleminot, William Wegman et la nuit se terminera en beauté avec le film culte de Jack Smith, Flaming Creatures.
Pierre-Yves Clouin
Ce jeune vidéaste français a fait de son corps un lieu d'exploration privilégié. Cadrages, décadrages et jeux de perspectives confèrent à ces petites ceuvres un caractère extrêmement déroutant
IMDb, USA, 1998
Manual labor has left its mark on this man's body... In a good way.
James Carroll - New Arts Program 1997
C'est le veau qui bêle (The Bleating Calf)
Clouin knows the value of time. In this one line sight gag an out of focus close-up of the artists’ head making the baby-like cries of a calf is wonderful yet, eerie piece of visual slight of hand that successfully transforms the artist from human to animal
James Carroll - New Arts Program Video Festival 1997, Leigh Valley and Berks, PA, USA